Tout d’abord, jSpR ke vs oré bcp 2 kdo ss le SP1 2 NoL.

La graphie SMS apparaît comme un concurrent de la sténo. Les deux cherchent à écrire plus vite en s’appuyant sur la phonétique. Mais la comparaison ne va guère plus loin.

La sténo est née du besoin d’enregistrer par écrit un discours oral, sachant que la vitesse classique de l’écriture est plus faible que la vitesse moyenne d’élocution. La sténo est codifiée dans des méthodes, labellisée, institutionnalisée, enseignée en appui à un métier (dactylo, sténotypiste), valorisée dans le monde du travail.

Le « langage » SMS est libre, évolutif, utilisé surtout pour la correspondance écrite, dans le cadre d’échanges personnels, essentiellement par le truchement d’un téléphone ou d’un smartphone. Il est né du croisement entre les possibilités technologiques (les réseaux et le clavier du téléphone) et les contraintes techniques et financières imposées par les fabricants et les opérateurs dans la rédaction d’un message. Quand le message est limité à un certain nombre de caractères dont le dépassement entraîne un surcoût pour le consommateur, celui-ci contourne la difficulté en comprimant la chaîne de caractères grâce à un panel d’astuces : abréviations, écriture phonétique, sigles ou codes faisant appel aux meilleures offres de concisions de différentes langues ou langages (anglais, argot, jargon de communauté).

Le principe est peu ou prou celui des abréviations qu’inventaient les moines copistes au Moyen-Âge pour gagner de la place sur la feuille de parchemin, rare et donc chère. Le choix du rédacteur est toujours logique. Il l’est souvent moins pour le lecteur qui peut avoir du mal à décrypter s’il n’est pas au même niveau de langage (et pour le SMS, pas besoin d’attendre plusieurs siècles).

L’abréviation médiévale que je préfère est « rro » pour « resurrexio » (résurrection). RRO était un terme aussi fréquent dans l’Occident chrétien médiéval que KDO dans notre société de consommation, surtout la veille de Noël !

Les règles sont éternelles : la technique se développe si elle a des utilisateurs, et des utilisations. Le langage SMS s’épanouit dans la sphère smartphonique mais aussi dans les blogs et chats voire au travers d’expérimentation linguistico-pédagogiques, par exemple la transcription du Dernier jour d’un condamné (Victor Hugo) en langage SMS, ou plutôt PMS pour « Phonétique Muse service » (ou Phil Marso system ?). Il paraît que « le d’Rnyé jr d’1 kondané » serait en mesure de ramener la lecture des personnes en situation d’échec scolaire…

Les contraintes de concision du SMS sont largement levées mais le pli est pris. Surtout, le langage SMS a aujourd’hui une autre justification, celle du code de reconnaissance d’une communauté (ados, pré-ados, post-ados), au même titre qu’une mode vestimentaire. Et la mode passe, avant de revenir…

Je pense à l’excitation des textographes du 3e milenR qui s’efforceront de déchiffrer les SMS à qui la nature choisira de faire traverser les siècles, car il y a en aura bien quelques uns. Les VNar ! (je parle des chercheurs bi1sur).