Petit blog et petit texte.

Éloge de la petitesse, art de la concision,

Un blogule peut être petit par le thème (on ne peut pas ne parler que de la crise économique, du réchauffement de la planète ou de la malbouffe) et avoir néanmoins de la couleur : blogule rouge contestataire, revendicatif, voire révolutionnaire ; blogule blanc qui agite des arguments conciliants propres à apaiser les parties opposées.

La qualité et la pertinence n’ont jamais été indexées sur la grandeur ou la longueur.

Et puis, « petit » n’est pas toujours un qualificatif en mauvaise part ; en témoignent : le Petit Poucet, le Petit Livre Rouge du président Mao, la Petite Sirène et la Petite Fadette. Il y a même un côté affectueux, l’idée d’une graine de malice.

Le texticule est une forme, peut-être un genre, littéraire, qui doit son nom à Raymond Queneau (voir par exemple son texticule sur les articles).

Le suffixe –ule est clair. Il désigne ici un texte court, voire très court : quelques paragraphes, quelques phrases, quelques expressions suffisent.

Mais ce n’est pas une vulgaire information, une suite de mots plus ou moins descriptifs ou plus ou moins narratifs sans message construit, sans propos élaboré. Car un texte, comme son étymologie l’indique, est un tissage de mots et non une énumération ou une concaténation désincarnée de noms, d’adjectifs, de verbes, d’adverbes ou de liens. Le texticule est un tissage de mots de surface réduite, un écrit miniature.

C’est pourquoi, dire que les textos (les SMS) et les tweets, qui se caractérisent par leur brièveté, sont tous des texticules serait très exagéré. Il ne faut pas confondre la forme et le fond. Le fond peut revêtir plusieurs formes (c’est souvent un exercice de style), et la forme peut servir plusieurs fonds. On trouve aussi des fonds sans forme et des formes sans fond. Le texticule relève davantage de la concision de l’expression que de la petitesse formelle de l’écrit.

Il existe de nombreux texticules qui s’ignorent ou ne savent pas se mettre en valeur. Cela dit, les texticules sont quand même très nombreux dans l’univers de l’écrit. Si nombreux qu’on peut les comparer aux spermatozoïdes : sur des milliards, quelques seulement ont de l’avenir…

Dans cette société où règne la surenchère à la longueur des textes, aussi bien des romans que des thèses universitaires (que personne ne lit, ou pour que personne ne les lisent…), le texticule devrait être un modèle pour tous…

Ah ! si tous les rapports à rallonge prenaient plus souvent la forme de texticules…

… cela réduirait avantageusement le volume des documents à archiver !

 

 

 

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