L’impétigo est une infection superficielle due à un streptocoque, microorganisme qui s’introduit dans la peau par une lésion préexistante telle qu’un eczéma ou une égratignure. Il prend la forme d’une petite bulle qui au bout de quelques heures éclate, libère son contenu et provoque une croûte. Le bobo, qui affecte surtout les enfants, est plus désagréable que dangereux.

La médecine n’étant pas ma spécialité, je veux parler ici non pas de l’impétigo « analogique » mais de l’impétigo « numérique », avec l’hébergeur de messagerie Voila dans le rôle du streptocoque.

Voici (c’est le cas de le dire) ce qui m’est arrivé la semaine dernière : un de mes contacts m’envoie un message via sa messagerie Voila. Je lis le message, court et factuel, puis mon œil est attiré par la ligne de publicité figurant au bas du message comme souvent avec les opérateurs « gratuits », à « l’insu du plein gré » de l’émetteur (sauf si on se met systématiquement en copie de ses envois). La gratuité est la faille par laquelle se glisse la bactérie numérique…

Je lis donc : « Marie-Charline vit avec un ministre de 30 ans son aïné [sic]. Qui est ce ministre socialiste ? Réponse ici ». Étant complètement accro aux peoples, je ne peux pas résister une seconde avant de cliquer sur la petite pustule bleue « ici », laquelle libère alors son contenu : « Pierre Moscovici : Sa compagne Marie-Charline Pacquot se dévoile » :

Après une petite enquête, à laquelle dix autres de mes contacts ont bien voulu contribuer (je leur réitère mes remerciements), il apparaît que cette publicité Voila a été annexée aux mails expédiés entre le 19 et le 26 avril à midi. J’ai aussi pu constater que, dans la moitié des cas, pour des raisons techniques de compatibilité je présume, la phrase qui « achève » le mail affiche le lien complet, à savoir « Réponse ici http://people.voila.fr/people/actu-stars/personnalites/pierre-moscovici-sa-compagne-marie-charline-pacquot-se-devoile-people_10042.html » ce qui a le vilain effet de tuer le suspens puisque la réponse est donnée dans la question. Déception, même plus besoin de cliquer.

À partir du 26 avril, vers 13h, Marie-Charline passe à la trappe et on passe à la pub suivante, plus sobre : « High-tech, jardin, mode, bricolage, maison,… J’achète malin. Je compare les prix avec Voila.fr ».

Dans le monde perso, on se moque de tout cela. Dans le monde pro, en principe, on n’utilise pas son adresse de messagerie perso, encore qu’il y ait pas mal d’exceptions (erreur de manipulation, bouton répondre sans vérifier que l’émetteur lui-même s’était trompé, message envoyé hors du temps de travail au bureau, etc.). Mais dans le monde pro-perso, attention à la pustule qui forme une mauvaise croûte.

Peut-on imaginer dans le monde papier une femme envoyant sa candidature pour un poste d’éducatrice dans un foyer de jeunes filles dans une enveloppe sur laquelle La Poste ajouterait une publicité pour un concert de « Nique Ta Mère » ?

Cette anecdote illustre très bien la question du statut de l’enveloppe qui achemine le message et de sa dissociabilité du contenu assumé par l’émetteur. Si ces mails d’hébergeurs gratuits se trouvent archivés, quid de la responsabilité de l’hébergeur ? Quel recours de l’émetteur contre les conséquences négatives de certaines pubs que souvent il ignore ?

Moralité: si vous cherchez du boulot dans un ministère en ce moment, évitez d’avoir un compte de messagerie chez Voila.fr. Prenez-en plutôt un chez Laposte.net, en ce moment, leur message de pub en fin de mail concerne les coffres forts numériques. Si vous cherchez un job dans l’archivage, ça peut être un plus…