Qui peut être contre le bien ? Personne.

Qui peut être contre la pensée ? Personne.

Qui peut être contre la bien-pensance ? Beaucoup de monde, j’espère !

Le mot bien-pensance a presque un siècle (forgé par Georges Bernanos) mais on pourrait croire que c’est un mot du XXIe siècle ; j’en veux pour preuve que la moitié des occurrences de ce mot dans les archives du journal Le Monde (depuis 1944) se concentre sur la période 2010 – 2015…

Surfant un peu, je lis la référence suivante : « Michel Onfray résiste à la bien-pensance de l’émission « On n’est pas couchés«  » du 19 septembre 2015. Moi qui n’ai pas la télévision et qui n’ai jamais regardé une émission de Ruquier, je profite de l’occasion et visionne, avec quelques semaines de retard, la vidéo sur le site arretsurinfo.ch.

Je ne pouvais pas mieux tomber pour illustrer le concept !

Michel Onfray, dont je n’apprécie pas particulièrement les thèses et les ouvrages (je l’ai déjà épinglé sur ce blog) y est confronté à deux individus, un gars et une fille, présentés comme des « journalistes », qui le soumettent à la question :

Quelle définition donnez-vous du mot « peuple » ?

Onfray, clairement, calmement, explique : « Le peuple, pour moi, c’est ceux sur lesquels s’exerce le pouvoir et qui n’ont pas la possibilité d’exercer du pouvoir ». C’est une définition. Manifestement, ce n’est pas la bonne, la réponse attendue par l’inquisiteur :

Qu’est-ce que le peuple, répondez !

Mais, je vous ai répondu tout à l’heure…

Répondez !

N’étant pas une habituée de l’émission, je me dis alors qu’il s’agit peut-être d’un tribunal fictif, d’une mise en scène pour dénoncer la pensée unique. Mais non, Pierre Desproges et Michel Polac sont morts et enterrés depuis longtemps, hélas.

Et les deux énergumènes de redoubler d’agressivité, le visage congestionné, les yeux mi-clos, la bouche entr’ouverte, prêts à bondir au signal, sortant les citations de leur contexte, refusant d’entendre les réponses, suggérant des réponses toutes faites qu’il suffirait à Onfray de reconnaître pour être conduit illico au bûcher. Sidérant !

Mais où ont-ils fait leurs classes ces deux-là ? Auprès de saint Dominique ? Chez Staline ? À la Kommandantur ? Pas possible, ils sont trop jeunes.

Les deux individus en question (c’est le cas de le dire !), plutôt réputés dans leur petit monde (leur nom n’a aucun intérêt ici, je m’en voudrais de leur faire de la publicité), se comportent exactement comme les sbires d’un système qui tient le pouvoir, qui ne veut pas le perdre et qui envoie ses petits soldats, dopés à mort, attaquer les infidèles. Attention, Onfray dit des choses simples, que tout le monde peut comprendre, que certains citoyens éprouvent peut-être et ne savent pas exprimer (n’est-ce pas le rôle des intellectuels, justement, d’exprimer les idées ?). Onfray pense mais il pense mal, donc il est dangereux.

C’est ça, aujourd’hui, la bien-pensance, un fléau idéologique, l’opinion du pouvoir en place qui veut interdire à ceux qui pensent différemment de s’exprimer, en attendant de pouvoir leur interdire de penser…

De l’émission, je retiens surtout le titre : On n’est pas couchés ! (Mais je n’en suis pas si sûre…)