Ou les deux ?

Depuis l’annonce de ce rachat il y a quelques jours, les commentaires vont bon train (ce train-là n’est pas en grève…).

Des craintes se font jour : le risque d’une monétisation encore plus grandes des données des membres du réseau, le constat d’une encore plus grande concentration des gros bonnets du net face à la petite Europe, la sensation désagréable d’être « cambriolé », comme l’écrit Nicholas Dumayne dans un post… sur Linkedin qui a reçu plusieurs commentaires dont le mien qui dit ceci :

Il ne faut pas être naïf. Tout ceci était prévisible, non ? Même pas besoin d’un algorithme prédictif pour le savoir…

Le savoir-faire des GAFA (GAFALM…) et de l’idéologie transhumaniste est d’amener les gens à déposer VOLONTAIREMENT leurs données sur la place publique, avant qu’ils aient conscience d’avoir fait une connerie. La sagesse des internautes serait de ne pas écouter ces sirènes et d’adopter un comportement un peu plus responsable en évaluant la conséquence de leur gestes et de leurs écrits.

Il ne s’agit pas de se taire ou de rejeter les réseaux sociaux mais d’être présent et actif à l’intérieur du réseau pour défendre les principes et valeurs auxquelles on croit.

Personnellement, je suis assez peu dérangée par la publicité intrusive, bien moins qu’il y a quelques mois ou années, car j’ai pris quelques mesures spécifiques pour cela. Et, paradoxalement, je fais plus attention à ce que j’écris sur Linkedin qu’à ce que je peux écrire dans un livre imprimé.

Je suis utilisatrice au quotidien de Microsoft et de Linkedin (choix du moins mauvais pour ce que j’en fais). Je n’ai pas que des motifs de satisfaction à leur encontre mais pas plus qu’à l’égard d’un organe de presse, d’un assureur, d’un fabricant de pâtes ou de la SNCF. Le point le plus préoccupant est effectivement la concentration des acteurs qui tend vers le monopole, avec le fait de ne pas pouvoir changer de fournisseur…

On peut toujours espérer que les gouvernements veilleront à mieux encadrer juridiquement l’utilisation des données. Mais il faut surtout changer de comportement. Aide-toi, le Ciel t’aidera. Il ne faut pas être naïf.

 

 

2 commentaires

  1. Je réponds avec un pas de côté. Quand j’étais jeune, ce qui commence à se compter avec trois dizaines d’années, on ne commençait à parler de sources et des biais de communication qu’à la faculté. Aujourd’hui, on commence à faire réfléchir les élèves dès le collège à cette problématique. On se fichait bien du droit d’auteur tant qu’on ne faisait pas œuvre soi-même. Aujourd’hui, chacun est éditeur et le droit d’auteur est devenu une question importante et touche bien plus de personnes que le petit cercle d’avant.
    Les données que nous laissons, entre autres, sur les réseaux sociaux, sont-elles fiables ? Je suis impressionnée par la manière dont les gens jouent avec ces données, plus ou moins consciemment. et construisent leur image. Là encore, ce sont des choses dont nous enseignons les rudiments dès le collège. Pour le meilleur, à savoir donner à nos élèves des outils pour faire face au monde numérique, mais aussi pour le pire, car les réseaux sociaux accentuent de manière sérieuse les harcèlements dont sont victimes certains enfants, par d’autres qui utilisent les divers réseaux sociaux avec maestria.
    Les données que nous semons nous appartiennent-elles ? Voilà une question d’actualité. Sans compter que la donnée numérique, ça se clone en moins de deux clics… Et si elles nous appartiennent, peut-on les vendre ? Et si elles ne nous appartiennent pas, peut-on les faire effacer ? Techniquement, juridiquement ? Faut-il un droit d’auteur sur les données ?

    Pour le reste… la parole s’envole, les écrits restent. Qui a conscience que tout ce qui se passe sur internet, et en particulier sur les réseaux sociaux, est de l’écrit ?

    • Pour répondre à votre dernière question (qui a a conscience que tout ce qui se passe sur internet, et en particulier sur les réseaux sociaux, est de l’écrit ?), je dirais : pas grand monde, en tout pas assez de gens au regard des risques.
      Pour le reste, deux remarques :
      • je pense que la notion d’auteur s’est largement étendue et devrait être nuancée : l’auteur d’un essai scientifique, l’auteur d’un billet de blog culinaire et l’auteur d’un simple like ne sont pas le même type d’auteur.
      • l’appartenance des données : comme je l’ai décrit dans mon billet Imbroglio (http://www.marieannechabin.fr/2013/07/imbroglio/), à partir du moment où l’internaute ouvre un compte (« sign in » ou « je m’inscris »), il s’engage contractuellement à ne plus être (le seul) propriétaire de ses données. C’est évident et personne ne le voit…
      Le réseau ne doit pas efface, et n’efface pas, le concept de contractualisation sociale.

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