Le suppositoire traditionnel ne faisant plus rare dans les armoires à pharmacie familiales, le concept, pour subsister, doit se chercher de nouveaux débouchés… si j’ose dire.

Heureusement, votre serveur de fichiers est constipé !

Non ?

Alors, c’est celui de l’entreprise ou de l’institution d’en face, parce que, de nos jours, les organisations ont 50% de chance – ou plutôt de malchance – d’être atteintes de constipation informationnelle.

Attention, la constipation informationnelle ne doit pas être confondue avec la rétention d’information qui est une attitude délibérément négative dirigée contre autrui pour le priver d’une information qui lui serait utile. La constipation informationnelle résulte, elle, d’un comportement maladroit, de l’inconscience des risques à ingurgiter des paquets de fichiers regorgeant de données compactes et opaques (absolument pas cristallines) et, surtout, pauvres en fibres archivistiques et dépourvus de fibres managériales.

De même que la malbouffe est une des causes du blocage des intestins, la constipation informationnelle est l’effet caractéristique de la malarchive.

Côté prévention, l’hygiène documentaire correspond à l’hygiène alimentaire mais elle a hélas encore moins d’adeptes. Il faudrait apprendre aux serveurs à fonctionner avec une alimentation équilibrée et à n’ingérer que des données suffisamment qualifiées pour assurer un transit correct et une évacuation régulière des parcelles documentaires éculées. L’éducation a fort à faire !

Ceci dit, prendre de bonnes résolutions pour demain ne résout pas le problème créé par les mauvaises habitudes d’hier. Quand la constipation est constatée, il faut la traiter. Il faut éliminer !

Comment faire ?

Trois mesures sont possibles.

  1. le tri manuel : « on » entre dans le serveur et on regarde les fichiers un par un (il n’y en a que quelques millions) et on décide au cas par cas d’évacuer ou pas ; ceci impose une mobilisation assez pénible de tous les collaborateurs pendant plusieurs semaines ; la seule solution est de supprimer les congés d’été ; pas sûr que cette option l’emporte ;
  2. la greffe d’un second intestin, euh je veux dire d’un second serveur pour diriger le trop plein vers une extension de stockage ;
  3. et bien sûr le suppositoire numérique, médication un peu radicale mais pleinement efficace ; elle consiste à introduire dans le serveur un ML (malware laxatif) qui relâche les répertoires, ramollit les fichiers et libère les données. Le serveur se vide automatiquement. Il n’y a plus qu’à le reformater.

Tout cela exige cependant des ressources humaines et financières. Le gouvernement serait bien inspiré d’aider à la manœuvre et de se porter au chevet des entreprises souffrantes. C’est le moment où jamais pour les grains de Valls de produire leur effet !