Il faut toujours reporter au lendemain ce qu’on ne veut pas faire le jour même.

Les maximes populaires sont tenaces et enracinées dans les comportements humains.

Et quand ce sont les autres qui voudraient vous voir faire quelque chose que vous ne voulez pas faire, il faut manœuvrer, temporiser, faire obstruction, inventer des astuces dilatoires, trouver le moyen de donner de petits coups de pied dans le ballon sur le chemin et l’envoyer un peu rouler un peu plus loin, pour retarder le moment où on devra faire l’effort de se baisser pour le ramasser.

Focus sur l’archivage.

Petit guide des procédés dilatoires pour renvoyer à demain, à après-demain ou aux calendes grecques un projet d’archivage dont la pertinence saute pourtant aux yeux quand on voit la paperasse et l’électronasse s’accumuler, l’une sur le bureau ou dans l’armoire, l’autre derrière les écrans, sur des disques et des serveurs.

Dites donc, il n’y a bientôt plus de place et on ne retrouve plus rien. Il faut absolument faire du tri dans tout ça. On ne va pas attendre 107 ans avant de régler le problème!

Suggestion de réponses :

Les documents, les documents, ça peut attendre, non ? Ils ne vont pas s’envoler ! On verra ça plus tard, quand on aura un peu de temps, après la fin du projet.

Oui, on va s’en occuper mais là, avec le beau temps que nous avons en ce moment, on ne va pas se mettre à trier des archives ; ça va saper le moral de tout le monde !

Attendez, avec le temps triste que nous avons en ce moment… Les collaborateurs sont déjà moroses ; si on parle d’archivage, ça va être la sinistrose….

Bon, d’accord. Alors, on va prendre un stagiaire. Il traitera les fichiers qui commencent par la lettre A la première semaine, la lettre B la deuxième semaine, et ainsi de suite. Dites à la DRH qu’on aura besoin d’un stagiaire.

Écoutez, l’archivage, c’est sérieux. On ne peut pas faire ça n’importe comment. Il faut un projet solide, bien réfléchi, bien pensé. Pour les choses importantes dans la durée, il faut prendre le temps de les faire bien, justement. Nous allons programmer une réunion pour planifier un vrai projet. On en reparle la semaine prochaine.

DRRRRIIIIIIINNG !!!!!!

Qu’est-ce se passe ?

Ici, la sécurité. Un incendie s’est déclaré. Prière d’évacuer l’immeuble immédiatement.

Dans le hall :

Hep ! Monsieur le Pompier, mais faites quelque chose ! Mes dossiers sont restés dans mon bureau (bureau 107) : il y a des contrats originaux, des documents stratégiques très importants ! Comment je vais faire pour travailler, moi ? Dépêchez-vous !

Désolé, plus tard, ce n’est pas le moment !…

 

3 commentaires

  1. C’est quasiment la règle dans toutes les administrations.
    Les Archives ne figurent nulle part sur les programmes et plans d’action (à l’exception de belles diapos de fin d’année, ne dit-on pas d’ailleurs que l’enfer est pavé de bonnes intentions?)

    Autre chose, l’héritage des fonds de plusieurs décennies:
    D’une part, il faut d’énorme efforts (sincères) et des moyens financiers considérables pour les traiter (pour leurs valeur historique surtout # politique d’austérité)
    D’autre part, il y a la persistance de pratiques « archivistiquaires » et la politique du conserve/stock tout # production documentaire explosive. Difficile d’arrêter l’hémorragie!

    Cela, sans parler de la fonction Archive, qui se veut à mon sens être transversale, et être à la veille de toute la production documentaire et informationnel depuis l’étape embryonnaire jusqu’à la fin du cycle de vie des archives.
    Or, dans la réalité elle est plutôt liée à un local au sous-sol, allergie, travail sans intérêt. Sa transversalité réside dans la mesure disciplinaire! Et veille à refouler la mémoire dans de vulgaires magasins à l’abri des regards – loin des yeux loin du cœur!
    Bon courage.

    • Merci pour votre témoignage. Bon courage à vous ! Et ne vous prenez pas trop la tête pour le stock ; le flux est prioritaire ; il faut instaurer la pratique d’archivage en flux.
      J’aime beaucoup les pratiques « archivistiquaires » : cela mérite développement.
      Je note aussi d’autres mots en –aire dans votre texte : documentaire, vulgaire, disciplinaire…auquel j’ajoute prioritaire, de quoi inspirer un nouveau suffixe pour la suite, mais je crois que j’ai déjà choisi le prochain…

      • Re-bonjour,
        Pouvez-vous m’en dire plus sur le concept d’archivage en flux?
        Je vous remercie.

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