La bienveillance n’est pas le fait des animaux. Une mère poule, louve ou manchote veille sur ses petits et en général « veille bien » mais la bienveillance, en tant que vertu conduisant à un comportement généreux envers autrui, est le propre des humains.

La bienveillance est le « charme » par lequel la bienfaisance opère, explique Vladimir Jankélévitch dans Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien (1957). On peut l’observer dans sa vie familiale, sociale, ou au travail, ce dernier lieu d’exercice de la bienveillance ayant actuellement le vent en poupe dans les médias. En lien avec le bien-être au travail – dont le déficit a bien des effets négatifs quand il ne provoque pas des drames, la bienveillance dans l’entreprise est devenue un sujet d’étude.

Le bien-être au travail dépend de la bienveillance de tous et de chacun, ou peut-être de chacun et de tous. La question est : qui doit commencer ?

En tout état de cause, ce sont bien les humains qui font preuve de bienveillance.

Sauf… ceux (et celles) :

  • qui sont un peu ours et qui restent dans leur coin, évitant ainsi les situations où leur bienveillance pourrait être sollicitée (dépanner la machine à café, proposer une solution, formuler un mot d’encouragement, se charger d’une petite tâche qui fait avancer le schmilblick et caetera) ;
  • qui sont chiens, bougonnent, ne se mêlent pas, ne s’occupent que d’eux-mêmes, sont susceptibles, etc., autrement dit ceux qui ne sont pas « pas chiens » ;
  • qui se font les corbeaux pour dénoncer anonymement leur prochain et leur plus lointain – notamment sur les réseaux sociaux, avec une lâcheté que les volatiles du même nom ne se permettraient pas ;
  • qui se montrent rats et ne participent pas au cadeau offert au collègue qui part à la retraite ou dans un autre poste ;
  • qui posent régulièrement un lapin parce qu’ils ont oublié le rendez-vous fixé, par négligence, insouciance ou autre manque de générosité ;
  • qui harcèlent leur petits camarades, leurs responsables ou leurs stagiaires, au point de les faire devenir chèvres ;
  • qui jouent les cigales en s’éclatant tout au long de l’année aux frais de la princesse sans voir les autres qui triment ;
  • qui jouent les fourmis concentrées sur leur petit business, avec un respect aveugle et implacable de la petite procédure, trop occupées à ruminer leurs petites souffrances pour prêter attention à celles des autres ;
  • sans parler des butors de toutes espèces ;
  • et des blaireaux de tous poils (black or white) qui étalent leur manque de savoir-vivre dans les transports en commun, dans l’ascenseur (qui est aussi un moyen de transport en commun), dans les magasins, dans les jardins publics et dans les services non moins publics.

Jusqu’à preuve du contraire.