Pour moi, très bien, merci, et  vous ?

Nous avons la chance de vivre cette intéressante période de l’histoire où le numérique, comme support et instrument d’écriture, le dispute au papier, avec toutes sortes de circonvolutions mais on sait bien que le numérique s’imposera à brève échéance comme l’outil d’écriture, de lecture et d’échange quotidien entre les personnes, de la même façon que l’imprimé s’est imposé il y a cinq siècles face au manuscrit comme vecteur principal du livre.

Ceci dit, le manuscrit est toujours là, à côté du livre, pour l’art, pour l’intimité, pour le plaisir. De même que le papier subsistera pour son côté pratique et confortable, parfois comme garantie de la sécurité ou de la pérennité, mais l’essentiel des documents courants encore produits aujourd’hui sur papier va disparaître. Pourquoi s’en plaindre ? Le papier serait-il une fin en soi ?

Le postulat est simple car il repose sur deux objectifs qui ne varient guère depuis la nuit des temps dans l’organisation de l’information : l’écrit supporte la preuve et transporte le savoir. Le numérique sait faire les deux, et de manière très concurrentielle par rapport au papier dans 90% des cas.

Dans un autre domaine du progrès technique, la voiture automobile a remplacé depuis un siècle environ la voiture hippomobile. Il y a toujours des chevaux ; ils ne servent plus de moyen de transport pour porter le courrier, aller au travail ou voyager. L’emploi du cheval s’est réorganisé avec l’équitation de loisir, l’écologie, les courses hippiques (sans parler des lasagnes de bœuf…).

C’est la même chose pour l’écrit numérique. Il ne fera pas disparaître le papier ; il poussera à réorganiser et recentrer son usage sur des activités bien spécifiques. Le tout est de faire les choses à bon escient, de comprendre les tenants et aboutissants de chaque support, de chaque technique, de peser les avantages et les inconvénients du papier et du numérique, d’exploiter le meilleur de chacun pour satisfaire le besoin d’un support de communication et de conservation des documents.

Pourtant cette période transitoire du papier vers le numérique comme support de l’écrit administratif, commercial, scientifique, culturel, est assez brouillonne et regorge de comportements qui tiennent autant de l’ignorance des outils, des systèmes et du droit (pas toujours bien clairs, c’est vrai) que de l’éternelle résistance d’une partie de la population au progrès technologique. On avance, on recule, on fait du sur-place. On perd beaucoup de temps à tâtonner, à se poser de mauvaises questions, ou de bonnes questions auxquelles on donne de mauvaises réponses.

Quand j’observe la pratique de scanner un document papier puis de l’imprimer pour le signer de façon manuscrite avant de le scanner de nouveau pour l’envoyer par mail à un destinataire qui l’imprimera, etc., cela me fait penser à un cheval attelé à une voiture électrique… Bien sûr, il y aura toujours un contre-exemple avec une voiture électrique en panne en plein champ, tractée jusqu’au garage par un équidé mais ce n’est pas l’utilisation normale des deux instruments.

 

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