Le point de départ. Starting point. Mot à mot en latin : le terme à partir duquel… ». Autrement dit encore, la limite inférieure d’un intervalle, par opposition à la borne supérieure de l’intervalle, le terminus ad quem.

D’accord. Mais le point de départ de quel intervalle, de quelle période, de quelle tranche ? Le point de départ de quoi ?

D’une période historique (ex : le Moyen Âge ou la Révolution française) ? D’un corpus de documents ? D’une affaire ? D’un dossier ? D’un dossier d’affaire ?

On peut lire dans le Wiktionary en ligne : « Le terminus ad quem et le terminus a quo sont des notions très importantes pour les historiens, mais aussi pour les policiers ».

Ce devrait donc être également une notion très importante pour les archivistes qui organisent les sources des historiens et qui sont amenés à archiver les traces des activités qui intéressent potentiellement les policiers, du moins pour les institutions et les entreprises.

Mais la notion n’est pas si familière. La preuve en est que terminus a quo ne figure, sauf erreur de ma part, dans aucun glossaire archivistique. La notion la plus proche est « dates extrêmes », un prix de gros en quelque sorte pour le terminus a quo et le terminus ad quem (deux en un). Extrêmes… Archiver, c’est du sport, certes, mais l’archivistique ne fait pas partie des sports de l’extrême (pas encore) et les archivistes ne sont pas des extrémistes (sauf exception qui confirme la règle…).

Le problème est que cette notion fondamentale de qualification temporelle de l’information est définie selon les glossaires de manière floue sinon contradictoire. Dates extrêmes est défini tantôt par « Dates du document le plus ancien et du document le plus récent composant une unité de description », tantôt « Dates d’ouverture et de clôture d’un dossier ». Il n’est pas besoin d’avoir manipulé des milliers de dossiers pendant des dizaines d’années pour savoir que ce n’est pas la même chose.

Exemple : le directeur commercial de la société N. décide, au moment du lancement d’un nouveau produit, d’ouvrir un dossier « réclamations ». Il prend une chemise cartonnée, écrit le titre « Réclamations produit P. » et la date du jour : 28 janvier 2013. Pendant six mois, pas d’incidents (tant mieux pour lui). La première plainte, datée du 15 juin, arrive dans l’entreprise le 7 juillet, par suite de problèmes postaux indépendants de l’entreprise N., accompagné d’une note rédigée le 2 février à la suite d’un petit accident occasionné par le produit P mais qui n’avait pas été envoyée (pour d’autres raisons sans rapport avec l’affaire) mais qui est jointe au courrier de juin relatif au second incident.

Quel est le terminus a quo ? Le 28 janvier ? Le 2 février ? Le 15 juin ? Le 7 Juillet ?

On pourrait demander aussi quel est le point de départ d’un camion transportant des voitures ? Le garage du camion ? L’usine d’où sortent les voitures neuves ? Le parc où elles étaient stockées précédemment ?…

Et maintenant, exercice : enlevez la chemise (celle du dossier, pas celle du camionneur !) et traduisez l’anecdote en numérique !