Encore du latin ! diront les uns.

Ah ! Notre-Dame de Paris, Victor Hugo, Anthony Quinn… diront les autres.

Les deux sont liés.

C’est que j’essaie de coller à l’actualité dans ce blog. C’était hier le dimanche de Quasimodo et je n’ai pas voulu rater l’occasion (en 2012, j’ai laissé passer la Trinité…).

Le dimanche de Quasimodo est traditionnellement le dimanche qui suit Pâques, ainsi dénommé à cause du premier mot de l’introït du jour : Quasi modo geniti infantes, alleluia… (Comme des enfants nouveau-nés, alléluia…). Or, l’usage était jadis de donner aux enfants abandonnés (ou aux enfants dotés de parents sans imagination en matière de prénom, ça arrive…) le nom du saint du jour (Michel le 29 septembre, Bernadette le 18 février, Laurent le 10 août, etc.) ou, à défaut, le nom de la fête tombant ce jour-là dans le calendrier liturgique : Assomption ou… Quasimodo,  comme d’autres s’appellent Fêt’Nat ou Indépendance à l’ère républicaine.

La religion, la république… c’est bien joli mais nous sommes à l’heure de la mondialisation et des réseaux et il faut vivre avec son temps ! Pour changer un peu, le choix des prénoms des orphelins pourrait s’inspirer du nouveau calendrier des causes internationales, tout de même plus modernes que la vie des saints. Les petits nenfants pourraient ainsi s’appeler Zones-humides (2 février), Nutella (5 février), Syndrome-d’Angelman (15 février), Droits-des-consommateurs (15 mars), Squash (20 octobre), Toilettes (19 novembre), Sans-tabac (31 mai), Archives (9 juin) ou Gouvernance-de-l’information (3e mardi de février)…

Mais revenons à Quasimodo et Esméralda. Le sonneur de cloches, hideux et difforme, tombe amoureux de la belle gitane. Il n’est pas le seul et n’a aucune chance…  Pourtant c’est lui, l’affreux, le déshérité, qui fera tout pour sauver sa belle des griffes de ses bourreaux. Et c’est bien pour souligner l’écart entre la laideur, repoussante (et repoussée) et la richesse de cœur qui se cache derrière que Victor Hugo a prénommé le pauvre bossu Quasimodo. C’est une des formes de la beauté cachée des laids que chantait Serge Gainsbourg cent cinquante ans plus tard.

Si cela peut en consoler quelques uns, l’histoire ne vaut pas que pour les humains. Elle est totalement transposable au monde des documents ! La chose a été constatée maintes fois.

Un document passablement moche, pâlichon, d’une petite écriture chafouine, raturé de toutes parts, surchargé de tampons hétérogènes et de paraphes désordonnés, fripé d’avoir été plié et replié, collant d’avoir été réparé par un morceau de scotch, jauni d’avoir traîné au soleil un peu trop longtemps et maculé de café ou de graisse – beurk ! – peut se révéler plus fiable, plus digne de confiance, face au juge ou à l’historien, qu’un document pimpant, fringant, clinquant, frais émoulu de l’imprimante, affichant un titre en gros caractères et un beau logo en couleur, avec une police élégante et des marges bien blanches dépourvues de toutes mentions utiles…

Il ne faut donc pas écarter trop vite, dans une opération d’archivage par exemple, les documents qui ne paient pas de mine mais qui flirtent avec l’authenticité alors que leur apparence peu flatteuse pourrait laisser croire qu’ils sont « quasi maudits »…