Que voyez-vous ?

Deux tickets de RER pour le trajet Paris-intra muros – La Défense. Oui, mais il convient de faire le distinguo entre les deux.

L’apparence des deux tickets diffère sur plusieurs points : le sigle RATP est plus gros sur celui de gauche et les sigles RATP et SNCF ne sont pas placés au même endroit sur les deux tickets. À droite, on note des mentions complémentaires : l’expression « réseaux ferrés » qui meuble le coin supérieur droit, l’indication de la 2e classe (pour rappeler qu’il en existait jadis une 1ère ?), le prix unitaire du billet (2,08 €) et la mention CB (le moyen de paiement ?). On voit en outre que celui de gauche a été utilisé ; en réalité, celui de droite est oblitéré également mais l’encre violette ne se voit qu’au verso donc pas sur cette image.

Bon, du moment que ce ne sont pas des faux et qu’’ils sont valables pour prendre le RER, quel intérêt de noter ces différences ? Aucun, si ce n’est la nostalgie du jeu des sept erreurs (ça peut occuper une partie du trajet) et l’amusement de constater que des tickets de RER de même valeur achetés à quelques jours d’intervalle ne sont pas faits pareils.

Mais l’apparence ne joue pas grand rôle ici. La principale différence ne tient pas à la forme ou à la validité du titre de transport ; elle réside dans les justificatifs de l’achat délivrés par l’entreprise qui les commercialise.

Le ticket de gauche a été acheté à un guichet RATP et celui de droite à un guichet SNCF. Or, pour des raisons historiques qu’on n’exhumera pas, la RATP est assujettie à la TVA à hauteur de 7 % et la SNCF n’est pas assujettie à la TVA pour le train. De fait, les justificatifs de paiement respectifs des deux tickets ci-dessus traduisent cette différence :

À gauche, le justificatif de la RATP (qui dit merci et à bientôt) mentionne la TVA, récupérable dans le cadre d’un déplacement professionnel. À droite, la SNCF n’indique pas de montant de TVA (mais elle nomme le document – que dis-je ! elle le bi-nomme : une fois justificatif, une fois ticket, et dit ce qu’il faut en faire, à savoir le conserver). N’empêche que sur le fond, ça ne va pas ! De deux choses l’une : ou la SNCF ne collecte pas la TVA et le billet devrait coûter moins cher ; ou elle la collecte et on doit pouvoir la récupérer avec le justificatif correspondant.

Le service « Relation Clients Voyages-sncf.com » n’a pas su répondre à la question. Il faudrait peut-être consulter le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) dont le petit bonhomme court tout le long des tickets ? Pas clair, tout ça. Au poste ! Au poste d’aiguillage, évidemment, celui de l’interconnexion de Nanterre-Préfecture, sans doute, là où la ligne de RER passe de la responsabilité d’une entreprise à l’autre…

Bah, c’est l’affaire de quelques centimes ; ce n’est pas avec ça qu’on va alimenter un compte en Suisse…. Certes, mais si d’aventure un ministre du budget un peu raide avait l’idée de « redresser » tous ceux qui auraient récupéré une TVA sans pouvoir en fournir une preuve précise complète…