Au cœur de la crise sanitaire due au Covid-19, le long confinement
(mi-mars à mi-mai 2020 voire plus) a créé une rupture brutale et durable dans
le cours « normal » des choses. Pour les professions au front de la
crise (soignants, fournisseurs de biens essentiels), cela a été une course contre
la montre. Pour les autres, le confinement a provoqué une mise à l’arrêt, une
réorganisation au moyen du télétravail ou une réinvention des gestes et des
lieux, selon les activités en cause, mais pour tous le confinement a été
l’occasion d’une réflexion sur le sens de son activité et sur l’après.

C’est ce qui ressort très nettement de l’écoute et de la lecture
des médias et des réseaux sociaux pendant la période.

Dans le monde des archives, plusieurs choses m’ont frappée:

 

  1. au début du confinement, les archivistes, bien naturellement, font la promotion des ressources culturelles et pédagogiques à destination des confinés: littérature archivistique pour les professionnels, archives numérisées en ligne pour tout public;
  2. les services d’archives n’ont pas été considérés comme essentiels au fonctionnement courant de la société, en tant que services culturels ou services administratifs non immédiats. Avec un peu de malice, voire de cynisme, j’ai pensé au débat dérisoire qui a agité la profession archivistique il y a deux ans et demi (voir mon billet); cela m’inspire le commentaire suivant: toutes les archives seraient essentielles dans le monde des archives mais dans le monde tout court, les archives en tant que tout ne sont pas essentielles…
  3. puis les journaux de confinement se sont imposés, apportant une visibilité à la communauté des archivistes mais soulevant d’autres problématiques sociétales et professionnelles.

Faits. Questions. Analyse.

 

Collecte des journaux de confinement

 

Initiatives d’archivistes

L’expérience collective du confinement a suscité, très naturellement, diverses initiatives privées dans la suite de projets mémoriels existants. La plus emblématique est sans doute le projet Aqlo avec l’appel « Mémoires de confinement » lancé sur les réseaux sociaux par Édouard Boulon-Cluzel.

 

Les appels lancés par les services publics d’archives ne sont pas tout à fait du même ordre. La première initiative médiatisée est celle des Archives départementales des Vosges qui a lancé via Twitter un projet #mémoiredeconfinement dès le 18 mars.

La collecte porte sur « Des dessins d’enfants, des photos, des posts Facebook, des captures d’écrans Instagram, des poèmes, des journaux intimes, des lettres, des mails, des enregistrements sonores, des blogs. Tout ce qui traduit des moments de vie durant l’épidémie » dit l’article de FranceInter qui relate le projet début mai.

D’autres initiatives similaires ont suivi dont on retrouvera une liste sur le portail des Archives de France.

Le mode de collecte est l’envoi de documents .PDF ou de documents
audiovisuels via la messagerie électronique.

Et les initiatives fleurissent aussi dans d’autres pays, par
exemple:

 

  • la plate-forme « Archives de Quarantaine » (#AQA) lancée par l’Association des archivistes francophones de Belgique (AAFB) et la Vlaamse Vereniging voor Bibliotheek, Archief & Documentatie (VVBAD) en avril 2020,
  • la campagne de collecte #témoinsducovid19 lancée par les Archives de l’Etat du Valais avec la formule « Archivez votre vie de semi-confiné-e »,

Il va sans dire que ces opérations sont un succès auprès du public des archives et qu’elles sont appréciées par la presse locale, ainsi le Bien public qui consacre une page entière au travail de collecte des services d’archives de Beaune et de Dijon, avec cette formulation très matérielle: « Les archives récupèrent des tonnes de témoignages liés au confinement« .

Sans revenir sur la querelle récurrente entre archivistes et bibliothécaires, il est intéressant de mentionner aussi l’initiative de la Bibliothèque nationale de France pour la sauvegarde de la mémoire d’Internet, rapportée par plusieurs médias. Le Monde explique  » Comment les archivistes de la BNF sauvegardent la mémoire du confinement sur Internet » au sein du département chargé d’archiver le Web français depuis 2006, avec « une opération de collecte de la vie en ligne depuis la mi-mars, à des fins de recherche et de mémoire collective ».

La Vie titre  » La Bibliothèque nationale de France archive le Covid-19 sur la Toile » en soulignant le côté « inventaire à la Prévert » vu qu’on pourra y trouver « des tweets de la présidence de la République, mais aussi une publicité pour une foire aux vins dans un supermarché… ».

 

Paroles d’historiens sur l’archivage

À côté des archivistes pour qui l’activité de collecte
d’archives fait partie du quotidien, des historiens ont pris la plume pour
alerter l’opinion publique sur la nécessité de constituer une mémoire de la
pandémie.

Le texte le plus médiatisé est l’appel, à l’initiative de deux historiennes de l’Université de Genève, d’un « collectif d’historiens, archivistes et sociologues » intitulé « Pour une mémoire ordinaire de l’extraordinaire » et publié notamment dans Le Soir le 24 avril 2020 et dans Libération le 25 avril.

Le collectif appelle à « créer des fonds dédiés à la
pandémie, afin de récolter les témoignages dans les domaines les plus vastes
possibles sur la crise telle qu’elle a été vécue par tous nos contemporains ».

L’argument mérite la plus grande attention:  » La
construction d’une mémoire n’est jamais neutre. Les sciences sociales qui
traitent du passé restent tributaires des traces laissées par les
contemporains, puis conservées dans des fonds d’archives. Or, ces traces
peuvent surreprésenter ou invisibiliser des groupes sociaux, suivant les
méthodes de collecte qui ont été choisies et les documents qui ont été
privilégiés. Ce point n’est pas anecdotique : les choix d’archivage orientent
la manière de faire de l’histoire chez les historien.ne.s et pèsent sur la
manière de se représenter le passé parmi les citoyens. »

Et l’appel de rappeler que l’histoire
« ne doit pas se réduire à une affaire de grands hommes et d’arbitrages
politiques
, ni au caractère sensationnel de l’événement », et encore
que « Afin de ne pas reproduire une histoire des dominants, il est
primordial de conserver la mémoire des gens ordinaires ».

À noter également cette tribune de l’historienne Marie
Cappart dans Vivre ici , dès le 3 avril, « Coronavirus : collecter
les archives pour ne pas oublier ! » http://www.vivreici.be/article/detail_coronavirus-collecter-les-archives-pour-ne-pas-oublier

dont je note les extraits suivants: « Il ne faudra pas
seulement conserver de cette grave crise sanitaire, les traces
institutionnelles, rapports de cabinets mais également les archives privées, le
ressenti de monsieur et madame tout le monde » et  » Dans cent, deux
cents ans, on retiendra de cette crise ce que les gens en auront laissé comme
traces mais c’est dès à présent que la collecte d’archives liées à la crise
sanitaire commence. Il y aura peut-être des étudiant.e.s qui étudieront la
fabrique spontanée de masques pour pallier au manque des hôpitaux. »

 

Du côté des institutions

Concernant les institutions internationales auxquelles est
rattachée la thématique archives ((je n’ai pas vu de déclaration des
institutions archivistiques françaises sur le sujet, ai-je loupé une annonce ?),
il est intéressant de voir en quels termes l’UNESCO et le Conseil international
des archives (ICA) ont exprimé leurs inquiétudes et leurs recommandations face
à cette crise mondiale.

L’UNESCO a publié le 3 avril 2020 une déclaration titrée
« Transformer la menace du COVID-19 en une occasion de soutenir davantage
le patrimoine documentaire ». J’y relève, au début du texte, les phrases
suivantes:

« Les institutions de
mémoire, notamment les archives nationales, les bibliothèques, les musées,
ainsi que les organismes d’enseignement et de recherche, enregistrent déjà les
décisions et les actions prises qui aideront les générations futures à
comprendre l’ampleur de la pandémie et son impact sur les sociétés ».

« Dans ce contexte et dans
le cadre de cette crise sanitaire mondiale, le patrimoine documentaire est une
ressource importante pour fournir une perspective historique sur la manière
dont les gouvernements, leurs citoyens et la communauté internationale ont fait
face aux pandémies dans le passé ».

La suite du texte appelle l’attention sur quatre domaines de
responsabilité: la préservation et l’accessibilité du patrimoine documentaire,
les investissements des États pour réduire les risques de catastrophes, un plus
grand accès des sources à tous et le rôle des institutions de mémoire face à la
désinformation croissante autour de la pandémie.

Et la déclaration sur termine avec cette affirmation: « Il
est donc essentiel que nous garantissions l’existence d’un dossier complet sur
la pandémie du COVID-19, afin de pouvoir prévenir une autre épidémie de cette
nature ou mieux gérer l’impact de tels événements mondiaux sur la société à
l’avenir », que je cite dans la version anglaise également (pour le doublet
dossier/record): « Therefore, it is essential that we ensure that a
complete record of the COVID-19 pandemic exists, so that we can prevent another
outbreak of this nature or better manage the impact of such global events on
society in the future ».

Le 1er mai, près d’un mois plus tard, le Conseil
international des Archives publie sa propre déclaration, centrée sur son
domaine d’expertise et intitulé: « COVID-19 – Bien documenter : un devoir
plus que jamais essentiel en période de crise », un peu différent du titre
de la déclaration en anglais:  » COVID-19 – The duty to document does not
cease in a crisis, it becomes more essential ». Je cite également les trois
intertitres de la déclaration: « Toute décision est à documenter / Quel que
soit le secteur, la sauvegarde et la conservation des archives et des données
est une nécessité absolue / Il convient d’œuvrer en faveur de la sécurité, de
la conservation et de l’accès aux contenus numériques pendant la période de
confinement », ou encore « Decisions must be documented / Records and
data should be secured and preserved in all sectors / The security,
preservation and access to digital content should be facilitated during the
shutdown ».

Les termes utilisés fleurent bon le records management (quoi de plus fort que d’asséner la nécessaire documentation de toute décision ?) mais le texte dans son ensemble présente un zest d’ambiguïté en français sans doute imputable au flou du mot « archives », toujours ce foutu mot archives que chacun interprète à sa façon ! En effet, on peut, ou bien comprendre que les décisions documentées (i.e. tracées, enregistrées, contextualisées) constituent des archives, ou bien se contenter de souligner que les archives (existantes) peuvent simplement documenter une décision (aider à éclairer une question avant la prise d’une décision qui, elle, vivra sa vie en toute indépendance, sans conscience d’être – et d’être au premier chef, ici et maintenant – un document d’archives). C’est cette interprétation, restreinte et différée que je crains de lire parfois, comme dans ce commentaire sur LinkedIn.

Les deux visions sont très différentes, et les
professionnels de l’archivage devraient considérer cette plus que nuance avec
plus d’attention. Je me demande même s’il ne faut pas voir là une des causes de
l’échec (relatif mais réel) du records management en France.

Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression que ces déclarations ont été très modérément relayées par la presse française mais il faut signaler la tribune d’Anthea Seles, secrétaire générale de ICA, dans Politis (24 juin 2020) où l’on retrouve du reste les deux facettes records management/mémoire collecte dans la première et la dernière phrase de l’article, à savoir: « La crise sanitaire mondiale que nous traversons a mis en lumière la nécessité de bien documenter ses actions et ses décisions, que cela concerne les États, les entreprises, les institutions ou encore les particuliers. » et « Concluons par les termes de l’UNESCO, les archives sont « les gardiens d’informations fiables et de qualité ».

On pourrait dire que, finalement, chacun fait son travail,
en s’adaptant à un environnement façonné par la crise sanitaire qui change
l’ADN de la collectivité, aujourd’hui et pour demain.

Mais est-ce si sûr?

 

Pendant ce temps-là…

Pendant ce temps-là, pendant que les citoyens confinés
tenaient ou ne tenaient pas leur journal de confinement, la polémique a enflé
en France sur la façon dont la crise sanitaire était gérée par les pouvoirs
publics.

Je ne retiens ici qu’un aspect, celui de la gestion des
masques, particulièrement conséquente en France. Cette question a-t-elle un
rapport avec les archives ? En d’autres temps, je n’aurais pas posé une
question dont la réponse est aussi évidente mais les temps ont changé et, faute
de l’avoir entendu poser, je la pose.

 

Les décisions publiques laissent-elles des traces?

Cette question provocatrice naît de la confrontation entre
deux constats:

 

  • d’un côté, les personnes qui expriment leur intérêt pour la mémoire de la pandémie semble supposer ou présupposer que l’archivage des décisions publiques va de soi : je cite à nouveau deux phrases citées dans le chapitre précédent: « Il ne faudra pas seulement conserver de cette grave crise sanitaire, les traces institutionnelles, rapports de cabinets mais également les archives privées… » ou « l’histoire ne doit pas se réduire à une affaire d’arbitrages politiques ». Encore faudrait-il s’assurer que ces arbitrages politiques sont bien tracés et que ces traces institutionnelles sont bien archivées ! Quand on a passé quelque temps dans les coulisses de l’administration, on ne peut que déplorer la naïveté de ces propos ;
  • de l’autre, des médias d’investigation s’interrogent sur les documents qui permettraient à l’État de « rendre compte » de sa gestion de la pandémie. Le 22 juin 2020, Marianne publie un billet, sous la plume de deux avocats: « Gestion des masques: l’État refuse de rendre des comptes« . rappelant que Mediapart réclame depuis avril à Santé Publique France la communication des contrats d’achat de masques (il s’agit de marchés publics) et que la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs), saisie de cette demande a répondu que ces documents étaient couverts par le secret des affaires… Le mot archives n’apparaît même pas dans l’article, en décalage donc avec la déclaration du Conseil international des archives, démontrant une fois de plus les atomes décrochés entre la loi d’accès aux documents administratifs et la loi sur les archives. Mais surtout, qu’est-ce qui permet de rendre des comptes, responsabilité de toute démocratie depuis que ce régime existe, si ce n’est les archives ? C’est la fonction originelle et première des archives que de rendre des comptes ! On l’a répété pendant des siècles… et on l’a oublié. La question archivistique n’est pas de juger du caractère confidentiel ou pas de certaines données, mais de reconnaître le statut de documents d’archives de ces traces de décisions administratives et d’agir en conséquence.

Voilà donc deux réalités qui s’ignorent : ici, arrêtons
de nous focaliser sur les archives traditionnelles pour nous concentrer sur les
gens, et là, montrez nous les justificatifs de vos décisions gouvernementales!

Les deux réalités ne sont-elles pas indissociables? Ce
hiatus n’est-il pas préoccupant?

Cette opposition, les archivistes ne s’en sont pas emparés. Sur le réseau LinkedIn que j’ai suivi quotidiennement pendant la période de confinement, j’ai n’ai vu passer qu’un seul post sur le sujet, en anglais, of course: « COVID-19: Records Management as a function of Business Continuity » publié par Richard Long à la fin février 2020

S’il y a un moment pour les responsables d’archivage de
faire valoir que le records management est un maillon essentiel du plan de
continuité d’une entreprise, écrit Richard Long, c’est bien maintenant. Et
d’expliquer l’intérêt d’avoir un système d’archivage complet (complete
records repository/complete records system
) pour assurer un accès à
l’information, complétude qui doit être maintenue pendant cette période.

Richard Long insiste: « Pendant et après une
catastrophe, les organisations devront prouver qu’elles respectent la
réglementation et la loi, tout en montrant qu’elles ont pris les mesures
nécessaires pour réduire les pertes en vies humaines ou les dommages aux
biens.  Cela est essentiel d’un point de
vue juridique, mais aussi du point de vue des relations publiques ».

L’information d’hier gérée en lien avec celle qui est
produite en temps de crise; c’est ça le sens du mot « continuité ».

Pour revenir à la gestion de la crise par les pouvoirs
publics, on peut se demander si les gouvernements sont concernés par cette
recommandation faite aux entreprises. Ou si les gouvernements sont au-dessus
des lois qu’ils édictent…

 

Le volet archivistique de l’affaire des masques

Toujours sur la question des masques, j’ai trouvé matière à
réflexion dans l’excellent article La France et les épidémies, par
Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié en cinq « épisodes » début mai
2020 dans le quotidien Le Monde:

Le temps de l’armement (3 mai 2020)

L’apogée du principe de précaution (4 mai 2020)

Le changement de doctrine (5 mai 2020)

La mécanique du délitement  (6 mai 2020)

L’heure des comptes (7 mai 2020)

La première réaction à la lecture est un certain agacement pour le
vocabulaire journalistique à propos de l’accès aux archives publiques: « un
rapport que le Monde a exhumé… »,  » cette circulaire – peu aisée à
dénicher neuf ans plus tard », « Ce document, retrouvé par Le Monde… ».
Ces expressions en disent long, aussi bien sur l’image des archives pour les
utilisateurs que sur l’état des archives publiques elles-mêmes. Je ne suis pas
sûre que, dans les pays où le records management n’est pas qu’une expression
pour carte de visite professionnelle, on aurait utilisé ces mots-là, ou leurs
équivalents anglais. Bon, maintenant que c’est dit, passons aux choses
sérieuses.

Sans préjuger du travail de fond des archivistes de l’État dont
l’activité n’a pas lieu d’être médiatisée, j’ai trouvé intéressant d’analyser
ce que cet article disait des archives bien que, dans l’ensemble des cinq
livraisons, le mot archives n’apparaisse qu’une fois, pour évoquer les archives
audiovisuelles de France3…

J’ai relevé systématiquement dans ce long article les mentions de
documents d’archives cités par les journalistes, soit que leurs interlocuteurs les
aient mentionnés lors d’une interview, soit que les journalistes y aient eu
accès. Voici le résultat, classé par valeur de document (et non par nom
de document, nuance):

Circulaires ministérielles

 

  • circulaire
    du directeur général du travail (DGT) du 3 juillet 2009 sur la continuité des
    activités des entreprises et les conditions de travail en cas de pandémie
    grippale
  • circulaire
    du ministre de la Santé du 2 novembre 2011 sur les situations exceptionnelles
    et la différenciation entre stocks stratégiques et stocks tactiques.
  • circulaire
    conjointe des ministères de l’intérieur et de la santé du 11 juin 2013 aux
    préfets et aux agences régionales de santé sur la nouvelle organisation en
    matière de stocks de masques

Notes et correspondance interne à l’administration et aux
établissements qu’elle supervise

 

  • note
    confidentielle de la directrice centrale de la police judiciaire du 10 février
    2005 à sa hiérarchie sur le matériel de protection des personnels de police
  • note
    de la direction générale de la Santé au ministre de la Santé sur la péremption
    prévisible des stocks de l’EPRUS, 27 juillet 2011
  • rapports
    trimestriels classifiés de l’EPRUS au DGS sur l’état de ses stocks
  • courrier
    du directeur général de la santé au directeur de Santé Publique France d’avril
    2017 demandant un contrôle des masques acquis en 2005-2006

Documents contractuels échangés avec des entreprises privées

 

  • protocole
    d’accord entre une société bretonne et le ministère de la santé pour
    l’approvisionnement de masques, 26 décembre 2005
  • rapport
    d’une entreprise belge sur la qualité d’un échantillon de masques, 2018

Traces de décisions (très) engageantes internes à l’administration

 

  • bon
    de destruction de masques, décembre 2019

Échanges entre ministères et autorités diverses

 

  • rapport confidentiel de l’Inspection générale de l’administration (IGA) au ministre de l’intérieur sur le fonctionnement des services publics en cas de pandémie, avril 2005
  • demande d’avis du directeur général de la santé au Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur ce qu’il convient de faire du stock de masques de l’EPRUS, 27 avril 2010
  • avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur le devenir du stock de masques de l’EPRUS, 1er juillet 2011
  • demande d’avis du directeur général de la santé au Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur les mesures à prendre en cas de pandémie grippale, novembre 2016 [date et forme non précisée]

 

  • rapport
    du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur les mesures à prendre en cas de
    pandémie grippale, en réponse à la demande du DGS de novembre 2016, mai 2019

Rapports parlementaires et documents associés

 

  • rapport
    du Sénat sur l’EPRUS, mai 2009
  • rapport
    confidentiel du 6 avril 2010 du sénateur Paul Girod au président de la
    République sur la gestion territoriale des crises
  • rapport
    du sénateur Francis Delattre sur sa mission d’information sur l’Eprus, publié
    le 15 juillet 2015
  • CD-Rom
    classifié détaillant les stocks de l’EPRUS [copie des rapports trimestriels?]

Cette courte liste (courte comme la face émergée de l’iceberg)
donne déjà une bonne idée des séries documentaires qui forment (devraient
former tout du moins) les « traces institutionnelles » dont parlent les
historiens. Quel est le niveau de partage de cette connaissance ? Comment
sont classés et archivés ces documents ? Quelle est leur règle
d’accessibilité ?

Outre l’exigence de mise en sécurité dans la durée de ces
documents d’archives, on peut trouver dans l’article, au détour de
l’enquête, l’évocation indirecte (je gage que les journalistes n’y ont pas
pensé) de diverses questions liées à ce qu’on pourrait appeler une politique
d’archivage, notamment :

 

  • la question de la durabilité du statut confidentiel (je ne parle
    pas des documents classifiés) : combien de temps un rapport confidentiel
    de l’Inspection générale de l’administration doit-il rester confidentiel ?
    Y a-t-il des directives pour gérer cette confidentialité dans la durée?
  • l’organisation des relations entre les archives des différents
    acteurs. L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault répond aux journalistes du
    Monde: « L’enchaînement des décisions depuis 2011 est
    complexe… »; mais justement, n’est-ce pas une des valeurs ajoutées d’un
    archivage bien fait (je parle de records management) de faciliter la
    reconstitution de cet enchaînement?
  • le respect des règles administratives et des responsabilités: un
    directeur de cabinet qui signe des commandes de vaccins, c’est contestable dit
    un témoin; eh oui, ce n’est pas de sa compétence. Claude Guéant, conseiller de
    Nicolas Sarkozy, fait remarquer aux journalistes, à juste titre, qu’un rapport
    du HCSP est un document de préconisation et non une décision. Didier Houssin,
    directeur général de la santé de 2005 à 2011, insiste sur le fait que lorsqu’il
    se trouve dans une réunion avec le Premier ministre ou le président, il donne
    un avis mais que ce n’est pas lui qui prend la décision. On
    note aussi au passage que le directeur général de la santé de 2017 n’a jamais
    vu le rapport qu’il avait commandé sur la qualité des masques car il avait
    changé de fonction quand le rapport est arrivé en 2018… Je n’ai personnellement
    aucun doute sur le lien entre la méconnaissance des règles administratives
    basiques et certains comportements irresponsables.

Un autre point très intéressant dans le travail des
journalistes est un ensemble de quatre témoignages (Olivier Lyon-Caen,
conseiller santé du président – Manuel Valls, Premier ministre – Gérard Bapt,
rapporteur de la mission santé puis du budget de la Sécurité sociale – Bernadette
Laclais, parlementaire) qui s’accordent sur le fait que la question des stocks
de masques n’a pas été évoquée au cours du quinquennat de François Hollande. Ce
point soulève deux questions de nature archivistique:

 

  1. la « preuve du non » ou comment prouver que quelque chose n’a pas eu lieu, sujet que j’ai évoqué récemment dans une vidéo ; et
  2. la question de la transmission de la mémoire entre équipes ministérielles, déjà évoquée au travers du mot « continuité ».

Je veux, au sujet de la continuité, souligner un paradoxe de
l’administration française: il existe une obligation légale (fort ancienne)
pour les maires nouvellement élus (c’est de saison) de procéder au récolement
des archives municipales, c’est-à-dire à la vérification que les archives
existant au début du mandat du précédent maire sont toujours là et en bon état,
enrichies des documents d’archives produits sous son mandat; il s’agit bien
évidemment, dans l’esprit de la loi, de la collection des délibérations du
conseil municipal et des documents administratifs engageants de la commune (et
non des cartes postales ou des archives collaboratives, ces aspects à ce jour
ne relève pas d’une obligation légale).

Mais qu’en est-il au niveau de l’État dans le cas d’affaires comme celle des masques qui court sur plusieurs quinquennats ? Bien sûr, on sait que les présidents se transmettent des informations de sécurité lors du passage du pouvoir, de même que les cabinets ministériels échangent des dossiers lors des changements de ministres, mais n’y aurait-il pas lieu d’officialiser un peu plus le transfert des archives de responsabilité (documents engageants, actifs informationnels, records, comme on voudra les nommer) un peu au-delà des dossiers de cabinet ? Autrement dit, on exige d’un maire d’une commune de 50 habitants plus que d’un ministre dans un pays de 70 millions de citoyens…

 

Glissement, myopie, manquement

Que conclure de ce grand écart archivistique entre l’élan
légitime de documenter la vie des populations et la difficile traçabilité des
décisions de leurs gouvernements?

Trois remarques peut-être.

 

Glissement de l’archivistique vers la sociologie?

Le passage du 20e au 21e siècle, avec
la généralisation de l’usage de l’Internet a provoqué une explosion dans
précédent de matière à archiver, en démultipliant les acteurs, les producteurs
d’archives potentielles, mais aussi les possibilités technologiques de les
collecter, de les conserver et de les diffuser au public d’aujourd’hui et sans
doute de demain. Mais le tournant vers cet « archivage des
populations » tient surtout à l’invention du smartphone et des réseaux
sociaux qui s’épanouissent dans sa foulée, il y a un peu plus d’une décennie,
une décennie seulement et tant de bouleversements…

On pourrait trouver maints exemples d’initiative archivistique de collecter les témoignages des citoyens lors d’événements extraordinaires mais l’histoire retiendra certainement, comme point de départ de ce nouveau type de démarche mémorielle, les collectes de témoignages réalisées après voire au moment des attentats de 2015, 2016 et 2017, et portant sur les mémoriaux spontanés sur le lieu du drame, mais aussi sur le recueil de messages numériques et de récits oraux. Cette pratique a fait l’objet d’un numéro spécifique de la Gazette des archives (n° 250, 2018-2), et a été abordée depuis par plusieurs journées d’études, par exemple les Journées des archives de l’université catholique de Louvain consacrée en avril 2018 sous le titre « Archiver le temps présent. Les fabriques alternatives d’archives« .

Il faudrait étudier plus systématiquement les pratiques de
collecte des services d’archives depuis une cinquantaine d’années mais il me
semble déjà que le glissement du centre de gravité de la fonction collecte vers
la production archivale de la communauté est patent. C’est un fait. Les
archives ont été pendant des millénaires les archives du pouvoir; la Révolution
française a instauré les archives de la Nation et de ses institutions; la
mondialisation technologique a créé les archives des populations ou des
communautés sociales. C’est ainsi. Le point d’attention est qu’il ne faudrait
pas que le dernier arrivé enterre les autres, de même qu’Internet n’a pas
supprimé la télévision qui n’a pas supprimé la radio qui n’a pas supprimé la
presse écrite, même si de grands chamboulements sont intervenus.

Citons de nouveau l’appel du collectif « Pour une
mémoire ordinaire de l’extraordinaire »: « Pour ne pas oublier leur
rôle, la période qui entoure cette pandémie doit être appréhendée sous l’angle
de l’histoire sociale » et plus loin « Pour nous, historien.ne.s,
sociologues et archivistes, la pandémie liée au Covid-19 constitue un fait
social total et une occasion d’exploiter les réflexions qui ont animé la
recherche ces cinquante dernières années ».

On a là l’explication et la confirmation de ce nouveau
positionnement des services d’archives et de l’évolution des pratiques de
collecte, avec le développement de la production collaborative d’archives, même
si ces archives ne correspondent plus à ce que les archives (et pas qu’eux)
appelaient archives autrefois.

L’émotion tend à s’imposer comme un des critères de
sélection des archives et oui, les couleurs de la vie quotidienne sont un cadre
de travail plus séduisant qu’un sous-sol austère. Mais cette tendance ne
dit-elle pas en creux que l’archivage administratif est un métier vieillot et
rébarbatif ? Si c’est ce que pense une majorité (pas moi en tout cas, loin de
là !), à qui la faute ?

L’archivistique était naguère définie comme une science
auxiliaire de l’histoire, suivant les courants historiographiques. L’histoire
s’inscrit aujourd’hui largement dans la grande famille des sciences sociales.
En raccourci et peut-être en résumé : l’archivistique s’insère peu à peu
dans la sociologie.

Le risque, car tout glissement est porteur d’un risque, est l’amoindrissement de la réflexion archivistique, l’amuïssement de la recherche en archivistique laquelle joue un rôle de contrepoids utile aux hypothèses historiennes et sociologiques, enraciné dans la réalité objective des traces. Je renvoie ce sur sujet au magistral article de l’archiviste américain Frank J. Boles, To Everything There Is a Season »/ »Il y a un temps pour tout », traduit récemment sur le carnet Archivalise(s).

Dans ce contexte, j’ai particulièrement apprécié la mise en garde de Gilbert Coutaz, directeur honoraire des Archives cantonales vaudoises, sur l’aspect quelque peu passif de cette collecte. Dans un bref post sur LinkedIn fin mai 2020, intitulé  » Proactive ou réactive, la politique d’archivage du vécu de la #Covid-19 ?« , il écrit : « En revendiquant l’immédiateté du témoignage, ce qui fait sa portée évocatrice, ils s’obligent à accumuler en vrac et à conserver des expressions hétéroclites. Le terme de la réception des dons n’est pas fixé. Il sera défini plus tard. La démarche inédite relève en fait de l’archivage réactif, elle promet beaucoup pour séduire les témoins. Si elle ne formule pas des critères d’#évaluation  après la #pandémie, elle rendra à coup sûr les lendemains des études historiques décevants ! » Cette réflexion souligne la difficulté mais surtout la nécessité d’avoir une politique de collecte et de pratiquer une évaluation de cette politique.

 

Ce que cette collecte mémorielle dit de nos sociétés

Parallèlement, la lecture de l’entretien de l’anthropologue Didier Fassin avec Nicolas Truong, publié par Le Monde le 24 mai 2020 sous le titre « Avec le coronavirus, notre vision du monde s’est rétrécie comme jamais » m’a apporté un éclairage en me permettant de replacer cette question particulière de la collecte.

Je reprends ici quelques extraits de l’interview qui s’appliquent
remarquablement à la collecte des journaux de confinement :

« Nous nous sommes collectivement laissés entraîner dans
une sorte de maelström présentiste et autocentré. Nous avons vécu au jour le
jour l’aventure du Covid-19, nous racontant nos expériences du confinement …
[…] Nous avons eu l’impression, entretenue par les médias et les politiques que
la seule chose digne d’intérêt dans le monde était notre relation à la
pandémie. […] C’est là un remarquable paradoxe : au moment où un phénomène
global touche l’ensemble de la planète, notre vision du monde s’est rétrécie
comme jamais. Nous sommes devenus myopes. »

Nous. Archivistes inclus ?

Que représente le public qui aura répondu à ces appels
d’archivage de son confinement ? Sa proximité avec le monde de la culture,
sa familiarité avec l’écrit ou l’image d’archives, son profil de producteur
d’archives personnelles, n’en font-ils pas un acteur proche des services
d’archives, proche comme ces arbres à la lisière de la forêt, ceux que l’on
voit même quand on est myope ?

Un autre aspect du discours de Didier Fassin a retenu mon
attention, en lien avec l’archivage. Le sociologue évoque la question des
modèles utilisés par les institutions de santé pour prévoir le nombre de morts
si la propagation du virus n’était pas contenue, prédictions qui ont inspirés
les décisions des États. En soulignant le fait que les résultats, selon les
modèles, varient du simple au quadruple, Didier Fassin soulève la question de
la gestion de l’incertitude : « Il y aurait une épistémologie
politique à faire pour comprendre la manière dont, dans ce contexte
d’incertitude, certains modèles ont été adaptés plutôt que d’autres ».

Je voudrais à ce propos insister, d’une part, sur la
nécessité de documenter les modèles retenus par le gouvernement pour les
données de toutes les institutions de santé parties prenantes et, d’autre part,
rappeler l’importance d’un archivage pertinent et sécurisé des données de santé
pour nourrir efficacement la mise en œuvre des modèles, dans le respect de la réglementation
sur les données à caractère personnel. Mais c’est là un autre débat, qui ne se
limite pas, du reste, au secteur de la santé.

 

Manque et manquement

De l’image qui ressort de la presse et des réseaux sociaux
en matière d’archives depuis trois mois, je garde le sentiment d’un manque dans
la constitution de ces « archives de la pandémie », voire celui d’un
manquement : manquement à sa mission fondamentale de la part de la
communauté des archivistes. Loin de moi l’envie de jeter la pierre (même un
petit caillou) à ceux et celles qui font de leur mieux archivistique (j’en
connais plus d’un et plus d’une), mais je discerne dans cette affaire un
déficit collectif d’attention aux traces de responsabilités des pouvoirs
publics et privés dans la constitution au quotidien des fonds d’archives, à
tout le moins dans le débat public.

Les archivistes jouent aux historiens du temps présent,
soit. L’enjeu en vaut certainement la chandelle.

Mais qui joue à l’archiviste?

Bien sûr d’autres acteurs s’occupent des traces laissées par
les décisions publiques : les journalistes, on l’a vu, mais aussi,
indirectement, tous ceux qui ont à faire avec l’information, qui gèrent les
données, des délégués à la protection de données à caractère personnel (DPO)
aux directions des systèmes d’information, en passant par les responsables de
la sécurité des systèmes d’information (RSSI). Mais chacun d’eux aborde sa
tâche avec ses propres méthodes et ses propres métriques ; la valeur
ajoutée de l’archivistique (et de la diplomatique) est, elle, laissée pour
compte et s’éteint, piquée par le virus de la négligence collective…

De plus, comme l’évoque Gilbert Coutaz pour la collecte des
journaux de confinement, l’archivage n’est pas une affaire de réaction mais une
démarche proactive ! Il faut le répéter. Allez : L’ARCHIVAGE N’EST
PAS UNE AFFAIRE DE RÉACTION MAIS UNE DÉMARCHE PROACTIVE ! Une politique
d’archivage, c’est de l’anticipation, du temps long et du contrôle.

Pour conclure, une remarque plus distancée: j’ai l’intuition
(voire l’obsession) depuis quarante ans que ce que les historiens et plus
largement les populations demanderont aux archives demain sera en bonne partie
ce qui n’a pas été collecté en raison d’une vision trop immédiate et pas assez
scientifique des archives.

Il est bien possible que les utilisateurs des archives de
l’an 2100 ou 2200 adressent aux archivistes de 2020 le même grief parfois
adressés archivistes du 19e siècle: celui d’avoir été trop
subjectifs dans la collecte d’une matière archivale qui n’est pas
représentative de la réalité du moment, avec des sélections insuffisamment
documentées qui conduiraient par exemple à « invisibiliser » les responsabilités
du pouvoir…

Difficile d’échapper au syndrome d’Épaminondas.

Il est possible aussi qu’en 2100, les décisions du pouvoir
ayant, par la force des choses, déserté les fonds d’archives publiques, on n’en
trouve plus la trace que dans les serveurs des réseaux sociaux, peut-être ceux
de l’archivage du Web par la BnF dans le meilleur des cas. Puisque tout se
décidera par tweet, SMS, et vidéo YouTube…

E la nave va…

 

7 commentaires

  1. Merci Marie-Anne pour cette analyse qui comme toujours nous amène à nous poser un certain nombre de questions. Effectivement, comme tu le développe tout au long de ta réflexion, si nous pensons Records ou trace de « quelque chose » quand nous prenons en charge les documents, les informations …liés aux activités de nos Organisations, nous prenons alors en charge un « bien actif » et non quelque chose de statique. Ce que j’ai constaté pendant le confinement et la période de reprise progressive dans les entreprises, c’est que les Organisations qui avaient une stratégie de Records Management (et je pèse mes mots quand je parle de stratégie) avait mis en place un réel plan de continuité. Chaque collaborateur a continué à assurer ses missions, son travail car les éléments nécessaires aux activités de l’entreprise étaient disponibles, accessibles, fiables (puisque enregistrés dans les bases de données adaptées et contextualisés). Chacun, dans ces entreprises « adeptes » de l’Archivage Managérial, a continué à documenter les activités, classer les documents et les informations qui comme avant la pandémie, sont la trace des activités, des décisions prises, des choix faits. Pour ces Entreprises, la pandémie ne pouvait être considéré comme une période échappant à l’exigence de traçabilité. Les contrôles administratifs, les audits, les contentieux pourront aussi porter sur cette période !

    • Merci pour ton précieux témoignage, Nathalie. Oui, le lien entre Archivage managérial et Plan de continuité d’activité est essentiel, dans la démarche et dans le fonctionnement en tant de crise. Tu en apportes la preuve.
      Peut-être que le secteur privé va devenir un modèle pour le secteur public 😉

  2. J’ai entendu dimanche 12 juillet sur France Culture Laeticia Atlani-Duault, présidente de l’institut Covid19 Ad Memoriam, évoquer « l’archivage des traces » de la pandémie et expliquer qu’il faut « conserver, archiver et analyser la mémoire en cours de construction »: https://www.franceculture.fr/emissions/le-magazine-du-week-end/coronavirus-a-t-deja-oublie-les-syriens-victimes-collaterales-des-nouvelles-sanctions-americaines
    En même temps, je note que les mots « archives » ou » « archivage » sont totalement absents des articles sur cet institut (voir https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/11/l-institut-covid-19-ad-memoriam-commence-ses-travaux_6042554_3224.html ou https://u-paris.fr/creation-de-linstitut-covid-19-ad-memoriam/)
    Je me demande s’il ne faudrait pas créer un Institut Archives Ad Memoriam…

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