Ce test probatoire a-t-il été probant ? Heureusement, il est légal.

On peut lire cette petite phrase pédagogique sur un forum consacré à la langue française pour illustrer la différence entre les trois termes. Elle est très pertinente dans le monde de l’archivage.

Probatoire signifie « qui sert à prouver, qui est destiné à éprouver, qui a vocation à prouver. Il qualifie généralement une opération (test, examen) ou une période comme la période probatoire du permis (« permis probatoire » étant un raccourci). C’est un qualificatif qui est en général attribué a priori par le décideur, l’autorité qui lance l’opération ou institue la règle.

Probant signifie simplement « qui prouve ».  Il qualifie le plus souvent des faits ou des documents. Mais, sauf erreur, prouver n’est pas un verbe intransitif ; on ne peut pas dire « les documents prouvent » comme on dirait « les chiens aboient » ou « les lilas fleurissent ». Il faut bien ajouter le « quoi », ce que prouvent les documents : un fait, une affirmation, un droit, un mensonge… Et ce qualificatif ne peut être attribué a priori par l’auteur du fait ou du document ; c’est à l’utilisateur, dans le cas ultime au juge, d’attribuer ce qualificatif, donc a posteriori.

Quant à légal, cela veut dire « conforme à la loi », sauf quand on l’utilise en franglais dans le sens de legal, juridique.

On parlait il y a quelques années d’archivage légal, formule plus commerciale que rigoureuse car l’archivage, en tout cas en France, n’est ni légal ni illégal ; il existe une loi française sur les archives, avec une vision essentiellement patrimoniale, mais pas de loi sur l’archivage.

Les nouvelles expressions à la mode sont : archivage à valeur probante, archivage électronique à vocation probatoire, mais aussi archivage électronique des documents à valeur probatoire, archivage de documents à valeur probante, et encore archivage probant ou archivage de contenus à vocation probatoire.

J’avoue que j’y perds mon latin ! Qu’est ce qui, de l’archivage ou des documents, a vocation à prouver quoi ? Faut-il comprendre que certains systèmes d’archivage ne concernent que l’archivage des attestations (le document probatoire par excellence) ? Faut-il comprendre que ces systèmes d’archivage ne concernent que les documents qui ont été acceptés comme preuve par un juge ?

Qui plus est, la « vocation probatoire » semble être une caractéristique du seul archivage car on ne la trouve guère ailleurs. En cette période de crise des vocations, c’est sans doute une bonne nouvelle, mais pour qui ?

Archiver est un petit mot simple et efficace qui veut dire très précisément : mettre dans un endroit sécurisé les documents qui le méritent en raison de leur valeur engageante et du fait de leur forme diplomatique (datés, signés, enregistrés) afin de les y conserver en l’état et de les maintenir  accessibles pendant la durée nécessaire.

Archivage est un mot suffisamment clair, même si d’aucuns le confondent avec sauvegarde ou déménagement. Quel besoin de l’enturbanner comme un mamamouchi avec des tautologies ?

L’archivage à vocation probatoire, c’est comme :

  • l’alimentation à vocation nutritive,
  • les soins à vocation thérapeutique,
  • les jeux à vocation divertissante…

Pour l’archivage probatoire, faudra-t-il coller un A (le A de apprenti) sur le matériel, comme sur la carrosserie de la voiture ?

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