Si vous n’avez pas d’idées de cadeaux, offrez donc un opuscule, sur n’importe quel sujet (philosophie, botanique, économie…), sur n’importe quel support (papier, numérique ou autre) ; tous les opuscules sont bons à offrir.

C’est que l’opuscule, dans sa forme même, présente deux avantages solides et réconfortants dans un monde effiloché et pressé : c’est une œuvre et c’est bref.

L’opuscule n’est pas un morceau d’information, un jet de mots, d’images ou de sons capturés au hasard de la survenance des événements comme peut l’être un journal d’actualité. L’opuscule se démarque totalement de la juxtaposition chronologique des dépêches ou des tweets, de la compilation mécanique des pages « Archives » des sites web, du catalogue au fil de l’eau proposé par les médias défileurs de données.

L’opuscule est une œuvre (en latin opus), un ouvrage, le fruit d’un travail, une création, avec un auteur qui a médité son sujet, qui a conçu son plan, peaufiné son message, élaboré son déroulé, soigné sa progression. L’opuscule a un début et une fin. C’est un objet complet, cohérent, autonome. Ces qualités de réflexion posée et d’achèvement doivent être soulignées dans un siècle où la mode va à l’immédiateté, au parcellaire, à l’écriture collaborative à toute force et évolutive à tout crin, à une certaine négation du temps. De ce point de vue, l’opuscule repose.

Et ce n’est pas tout. L’opuscule a l’extrême avantage d’être concis, bref (ce que porte le diminutif –cule). Il contient la quintessence du sujet. C’est beaucoup plus attractif dans la forme qu’un roman fleuve ou une somme en vingt volumes in-folio. Ceux et celles pour qui le temps est une donnée rare peuvent en faire le tour sans se disperser, sans perdre du temps.

Attention cependant à ne pas confondre l’opuscule avec le fascicule qui, lui, doit s’articuler avec d’autres éléments d’avant et d’après, tout au long d’une période de temps dont on ne voit pas le bout, de sorte qu’on est toujours en attente de la prochaine livraison, en se disant que la question que l’on se pose aujourd’hui en vain sera peut-être traitée dans le fascicule à suivre. Non, offrir un fascicule serait cavalier, irrespectueux, désinvolte.

L’opuscule est vraiment le cadeau idéal. Pour un adulte s’entend. Pour les enfants, le cahier de coloriage est plus indiqué. Mais pour un homme ou une femme accompli(e), enclin(e) à réfléchir et à s’instruire toujours et encore, l’opuscule, qui fait le tour d’une question métaphysique ou d’un domaine pratique, est particulièrement  adapté. Son caractère complet et concis en fait un objet personnalisé, aisé à manipuler, que l’on peut facilement s’approprier. On peut même le brandir, le cas échéant, dans une manifestation, depuis le Petit livre rouge du président Mao à l’Indignez vous! de Stéphane Hessel.

Enfin, il y a des opuscules ou petits opus pour tous les profils et tous les goûts :

  • pour ceux qui aiment les chats numériques, on trouvera un opus e-cat ;
  • pour les habitants du 9.3, un opus de Saint-Ouen ;
  • et pour les personnes spécialisées dans les engins de terrassement, un opus des hies.

Joyeux Noël !