J’ai un très vif souvenir du début de soirée du 15 avril 2019, il y a juste trois ans.

Je me hâtais de terminer ce que j’avais à faire avant 20h pour écouter l’allocution radiotélévisée du président de la République qui devait présenter à la nation les résultats du Grand Débat National qu’il avait lui-même lancé quatre mois plus tôt en réponse au mouvement des Gilets jaunes.

Mais l’incendie de Notre-Dame en a décidé autrement.

Mêlée aux badauds le long des quais de la Seine, tandis que les sirènes des camions de pompiers fusaient au milieu des chaussées complètement embouteillées, j’ai observé les réactions des Parisiens et des touristes: stupeur, tristesse, crainte d’un attentat. Viendront peu après les élans de générosité pour réparer et reconstruire, mais aussi les interprétations complotistes (une statue monumentale de saint Denis s’est transformée pour l’occasion en incendiaire qui court sur les toits de la cathédrale…).

L’allocution du président de la République a été reportée puis oubliée. La conférence de presse qui devait avoir lieu deux jours plus tard s’est finalement tenue le 25 avril 2019 mais l’attention des médias et du public s’était déjà déplacée vers la cathédrale de Paris.

Une actu chasse l’autre, c’est la règle.

Dans quelles proportions l’incendie de Notre-Dame de Paris aura-t-il nuit à la publicité du Grand Débat qui s’est achevée deux mois plus tard, en juin, en jus de boudin et qui n’intéresse plus aujourd’hui hélas que quelques chercheurs ?