La diplomatique numérique est la discipline qui analyse et critique toutes les facettes d’un document (fichier, groupe de données) numérique pour déterminer son authenticité, sa véracité, sa fiabilité, dans une perspective de preuve ou dans un but de réutilisation des contenus.

« Pour être efficace, pour être autre chose qu’un morceau de littérature, que l’équivalent d’une inscription, qu’un aide-mémoire, qu’une note personnelle, pour valoir devant l’autorité judiciaire ou administrative, l’écrit doit être revêtu d’une certaine forme. » a écrit Georges Tessier au sujet de la diplomatique traditionnelle.

Dans la société numérique, cette affirmation est toujours vraie et elle est même de plus en plus importante pour la vie des gens compte tenu de l’explosion des données au travers des outils connectés. Face à ce phénomène de démultiplication des traces numériques et de ses conséquences, notamment l’utilisation à des fins commerciales, politiques ou de nuisance, le droit international s’organise et l’Europe s’est dotée d’un Règlement général pour la protection des données (RGPD) qui sera applicable en 2018.

Comment s’approprier le savoir faire qu’exige cette nouvelle donne de la société connectée ? La démarche diplomatique est une des voies de cette appropriation car la maîtrise de ses concepts fait gagner du temps dans la compréhension de ce qu’est une donnée et de ce qu’est une preuve.

Par son analyse des données qui composent un écrit, un enregistrement, un fichier, un document, au moment de sa création puis à n’importe quelle étape de sa vie physique et intellectuelle, la diplomatique est structurante pour les professionnels de l’information.

Par sa critique systématique d’un document replacé dans son contexte, dans une démarche comparative que les historiens connaissent bien, la diplomatique est à la fois un marche-pied pour une meilleure visibilité des objets documentaires qui ont du sens, et un garde-fou contre les méfaits de la désinformation. L’analyse et la critique diplomatiques affinent le regard sur l’information, aiguisent le sens de l’observation et développe l’esprit de synthèse.

La diplomatique s’est longtemps contentée d’une utilisation a posteriori sur des documents d’archives anciens, alors qu’elle est aussi très performante, a priori, pour la production de document de qualité, précis, complets, aptes à dérouler un cycle de vie sans turbulences.

Lectures sur la diplomatique numérique

« Peut-on parler de diplomatique numérique ? », par Marie-Anne Chabin in Vers un nouvel archiviste numérique, sous la dir. de V. Frey et M. Treleani, L’Harmattan, 2013 (table ronde de l’INA, 25 nov 2010)

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« L’ère numérique du faux », par Marie-Anne Chabin in revue Médium, n° 31, avril-juin 2012, pp 46-66

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Une journée dans la vie de Lili Eting (et son chat) : petit précis de diplomatique souriante, collectif OuDiPo, 2016
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« La qualité d’archives publiques : jurisprudence relative à des archives du maréchal Pétain » (réflexion diplomatique à propos d’une transcription dactylographiée de l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 sur lequel certains paragraphes étaient soulignés par le maréchal Pétain)

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