Accessoire, comme adjectif, qualifie quelque chose de secondaire voire de superflu, quelque chose dont on peut donc aisément se passer.

Comme substantif – un accessoire – le mot prend de la consistance ; il s’oppose toujours au principal mais avec un rôle de mise en valeur de ce principal qui le rend bientôt indispensable, pour ne pas dire essentiel.

L’accessoire, qu’il soit de mode ou de théâtre, automobile ou informatique, complète, parachève, parfait (du verbe parfaire) un personnage en représentation (mannequin, acteur, people) ou un objet ordinaire  auquel on veut donner une marque personnelle.

L’accessoire rehausse la personnalité, concourt à l’identification de la personne, s’impose comme un moyen d’authentification du personnage fictif ou réel, comme le font la canne-épée de John Steed ou le gant à cristaux de Michael Jackson.

L’accessoire le plus célèbre est sans doute le chapeau de la reine Elisabeth II, le chapeau au sens générique car on dit qu’elle en a déjà porté plus de 5000 différents.

L’accessoire chapeau de la reine d’Angleterre prolonge l’attribut couronne (couronne de Saint-Édouard ou couronne impériale) avec une connotation profane en phase avec la mode du temps, quand ce n’est pas le chapeau de la reine d’Angleterre qui lance la mode.

Cette histoire de chapeau me suggère de transposer le rôle de l’accessoire au monde de l’écrit, et plus précisément à la diplomatique. D’aucuns diront que c’est moi qui travaille du chapeau… D’autres admettront peut-être que, à côté des attributs des actes authentiques ou officiels, il existe toute une palette d’accessoires d’écriture, depuis le logo jusqu’à la signature scannée insérée dans un document numérique, en passant par les caractéristiques de la police, la qualité du papier ou le format d’encodage, les formules de politesse, la mise en page, le pied de page ou diverses fantaisies d’écriture, utilisées par les personnes privées mais également dans les organisations où les chartes graphiques laissent toujours un peu de liberté. Aucun de ces éléments n’est indispensable à la validité du courrier, de la note, du rapport, mais, ajouté à la teneur et aux signes de validation essentiels à trace engageante, chacun d’eux contribue à donner un certain style voire un cachet certain à un écrit ou à l’ensemble des écrits d’un auteur. La constance, ou la rupture, dans l’utilisation du même accessoire ou du même jeu d’accessoires contribue à façonner l’image de l’émetteur auprès de ses destinataires ou du public.

Par ailleurs, le jeu des accessoires d’écriture rend plus difficile la production de faux. La multiplication des détails de forme à imiter peut exciter les faussaires les plus avertis mais écarte les amateurs qui ne savent en général pas dépasser le stade du faux grossier. La personnalité d’un écrit ou de l’ensemble des écrits d’un même auteur, fondée sur une association subtile d’accessoires d’écriture (utilisation de certains mots, composition habile du gras et de l’italique, tournures, fioritures formelles) peut prouver la provenance, et donc l’authenticité d’un courrier, parfois plus efficacement qu’une signature ou un tampon qui s’avèrent plus faciles à imiter. Jusqu’à preuve du contraire…