Arrière-goût amer suscité étymologiquement par une boisson mais aussi par un constat déplaisant, une déception imprévue, une complication désagréable due bien souvent aux arcanes de l’administration et de ses systèmes d’information un peu coincés.

Illustration par un petit déboire personnel déjà ancien mais toujours présent à ma mémoire.

En 2000, j’ai créé ma société de conseil, Archive 17, dûment immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Paris. J’ai eu recours aux services d’un avocat (chacun son métier) pour effectuer dans les règles les opérations juridiques et administratives. La sous-traitance n’exonérant pas de ses propres responsabilités (ah ! voilà un adage qu’il faudrait placarder plus souvent sur les murs, réels ou virtuels), j’ai relu attentivement l’extrait Kbis délivré par le greffe du tribunal de commerce avant de payer la prestation. Bien m’en a pris car à la rubrique « date de naissance du président » (moi-même), il était écrit : Inde. J’ai toujours eu un petit penchant pour l’exotisme mais le fait est que je suis tout simplement née dans l’Indre, département n° 36, chef-lieu Châteauroux (personne n’est parfait). Il y a des faits sur lesquels on ne revient pas, surtout quand ils ont été enregistrés par l’administration. Je me trouvais donc confrontée à un petit « r » de différence (un air de bourrée ou de râga ?).

Marquée depuis l’adolescence par les mésaventures de Walter A. Child, un simple amateur de livres que la stupidité des ordinateurs entraîne dans une spirale judiciaire jusqu’à le condamner à la peine capitale et à l’exécuter (voir le billet Prémonitoire), j’ai voulu voir là plus qu’une faute de frappe ou un vice de forme acceptable. Craignant des complications ultérieures de la part de l’administration (parfois obtuse ou aiguë, même quand elle est droite…), j’ai donc exigé la rectification, plus compliquée évidemment que la formalité initiale. Fin de l’anecdote.

Et voilà que ça recommence !

Il y a quelques semaines, une institution qui m’avait commandé un article, m’envoie le contrat d’auteur à signer. Avant de m’exécuter (quel mot terrible !…), je relis, systématiquement, de haut en bas. Et que vois-je à la troisième ligne du paragraphe qui concerne mon identité ? Ceci : « Domicile fiscal : Inde » !!!

C’est du harcèlement !

Je m’interroge sur le degré d’instruction des ordinateurs en orthographe et en géographie (je pars du principe optimiste que les humains, eux, sont irréprochables dans les deux disciplines). Et si demain le fisc français, puisqu’il est écrit que je suis installée en Inde, venait me demander des comptes en roupies. J’aurais beau jeu de lui répondre en berrichon et d’évoquer la roupie de sansonnet de ma chère grand-mère…

À défaut d’explication rationnelle, je vais devoir me rabattre sur une interprétation alternative : j’ai sans doute de lointains ancêtres Tamoul qui cherchent à entrer en contact avec moi, par le truchement de ces documents officiels…

J’en appelle à Monsieur le Préfet de l’Indre, aux Issoldunois et Issoldunoises, à Gérard Depardieu et aux mânes de George Sand : faites quelque chose !