Je trouve, sur la notion de capsule, quatre références (américaines) dont le regroupement résume ma pensée (française).

Tout d’abord, l’exposition de « capsules de temps » d’Andy Warhol au Musée d’art contemporain de Marseille (MAC pour les initiés :-)). Andy Warhol a soigneusement et régulièrement (de 1974 à 1987) emballé des groupes de documents et d’objets, ayant appartenu à son univers d’artiste mais n’ayant plus d’utilité, dans des cartons baptisés « Time capsules », capsules de temps. Il en existe plus de 600. Le musée de Marseille en présente huit.

Cette collection « tient autant du journal intime que du cabinet de curiosité », résume fort bien un article de la ville de Marseille (qui n’est pas signé).

C’est, de la part de l’artiste, une démarche d’archivage au sens de « processus mémoriel, pour soi et pour les autres » (voir mon étude sur le mot archivage dans le journal Le Monde).

La seconde référence est un article du Devoir qui pose la question : « Que placeriez-vous dans une capsule temporelle à ouvrir en 2115? », contenu destiné « aux humains du Québec qui vivront ici en 2115 ». Cela sonne un peu comme une mise au goût du jour de la question éculée « Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? » : il faut faire un choix parmi un ensemble de choses que l’on aime ou auxquelles on tient, pour se projeter dans une situation à venir. Mais l’idée est finalement différente car, avec la capsule de temps, on ne vise pas son propre avenir (s’ennuyer le moins possible le jour où on se retrouvera abandonné sur une île déserte) mais on tente d’envoyer un message aux générations futures. Cela aurait plutôt à voir finalement avec la bouteille à la mer, un désir de communication avec un ailleurs ou un au-delà.

La troisième référence est particulièrement intéressante car elle raconte l’ouverture, événement assez rare, d’une capsule de temps créée il y a longtemps, donc situation a posteriori. Au début de ce mois de janvier 2015, la directrice du musée de Boston a ouvert une capsule de temps créée en 1795 contenant une collection de pièces de monnaie remontant au milieu du XVIIe siècle et allant jusqu’au milieu du XIXe siècle car la capsule avait déjà été ouverte en 1850, enrichie et refermée. Ce n’est pas tant le rêve de communiquer avec un futur inconnu qui ressort ici que la notion de transmission d’un trésor ou d’un secret au travers d’un rituel initiatique.

Enfin, j’ai noté l’existence de la Time Capsule d’Apple, périphérique de stockage sans fil qui permet de « faire des sauvegardes automatiques à distance ». Là, on confond systématique et automatique. La sélection de ce qui est sauvegardé est hors processus, sans parler de la brièveté de vie de la capsule sans intervention humaine pour la pérenniser si on veut la relire ans deux siècles. Voilà bien l’arrogance commerciale de l’informatique. Agaçant.

Face au temps inexorable, la science ne peut pas grand-chose pour l’homme. Seule la volonté humaine a du sens pour l’homme, et encore avec une certaine modestie. J’ai toujours préféré Andy Warhol à Steve Jobs.