La citrouille – dont l’image, la valorisation et la transformation sont de saison avec Halloween –renvoie à nombreuses réalités.

Quand on a dit citrouille, qu’a-t-on dit ? Parle-t-on du potiron dont on fait la soupe ou du destin du carrosse de Cendrillon ? D’une  espèce de courge que l’on veut planter ou d’une variété de cucurbitacée que l’on veut identifier ? De la consistance de la courge spaghetti ou de la saveur du butternut ? Chaque mot a un sens et il est agréable de le respecter.

Et je glisse inévitablement de la botanique à l’archivistique, avec le même constat sur le sens des mots. Par exemple, quand on dit compte rendu, de quoi parle-t-on ? Du procès-verbal d’une réunion officielle, validé et transmis aux personnes composant l’instance réunie ? Du compte rendu d’une réunion technique entre partenaires échangé avec valeur engageante ? Des « minutes » d’une réunion en anglais ? Des notes personnelles d’un collaborateur sur une réunion interne ? Du rapport de visite de A chez B à destination de C ?

Étymologie, classification, usage, histoire, contexte, traduction, sont autant de facteurs qui nuancent la perception que l’on a des mots. Mais si on réfléchit un peu et qu’on ne cherche pas à traiter tous les aspects en même temps (à chaque finalité une facette de l’objet), les choses ne sont pourtant pas si compliquées, même si certains cas peuvent être complexes.

C’est pourquoi quand je lis certains textes normatifs ou discours officiels, avec une surenchère de mots qui se télescopent, de valeurs qui se contredisent, de  contextes qui s’ignorent, etc., j’ai la tête comme une citrouille.

Et quand je lis certains articles qui mélangent allègrement et commercialement les choux et les raves, euh, je veux dire les coloquintes et les potimarrons, enfin, les données et les data, les documents avec les contenus, les fichiers avec les dossiers, etc., je me demande ce que leurs auteurs ont dans la citrouille…

Et je constate par ailleurs que trop de gens dans les entreprises ont la trouille de :

  1. subir un contrôle fiscal, de l’URSSAF ou d’une autre autorité administrative qui fouillerait dans leurs serveurs,
  2. confier leurs archives à un service extérieur parce qu’ils ne comprennent pas bien les compétences requises par l’archivage,
  3. ne pas trouver la bonne version du document recherché dans leur capharnaüm informationnel physico-numérique,
  4. ne pas être conformes aux normes dans leur cahier des charges d’une solution d’archivage (alors que ces normes ne peuvent pas être toutes conformes à leur projet),
  5. détruire les documents périmés et d’en avoir besoin le lendemain de la destruction,
  6. regarder le risque documentaire en face.

Cela fait six trouilles. C’est beaucoup. Surtout que ça ne dure pas que le 31 octobre.

4 commentaires

  1. Le texte de Marie-Anne et les commentaires de Susan font écho à de nombreux mots utilisés dans certains échanges que je peux avoir mes collègues ou mots que je retrouve dans des articles qui se targuent de nous expliquer ce qu’est le management de l’information. Tous ces mots me donnent des maux de tête ! On parle de données, documents, fichiers, mails, data (j’ai déjà dit données mais le mot donnée n’est plus à la mode, ne pas oublier que nous sommes à l’ère du digital !), on parle aussi de compte-rendu (ce n’est peut-être pas un document ?), de rapport (ce n’est toujours pas un document ?)…longue litanie de mots, d’expressions, on veut tout dire (surtout ne rien oublier) mais à trop en dire on en perd son latin ! et que dire face à la compréhension (ou l’incompréhension) du règlement général sur la protection des données personnelles. Les informaticiens ou les prestataires en informatique qui m’expliquent qu’il faut protéger les données personnelles…qui se trouvent dans des bases de données ! et celles qui sont dans un document, un mail, un compte-rendu (attention je recommence à aligner des mots). Chacun me propose l’outil miracle qui pourra trouver les données personnelles dans un fichier, un tableau, une base de donnée. Super ! mais pour les autres données personnelles, je fais comment ? Mes maux de tête reviennent, d’après mon médecin le seul moyen de guérir c’est de revenir aux fondamentaux. Les documents, les données et tous leurs amis : ils servent à quoi, à qui, quelle est leur finalité de création, de collecte, pour qui, pourquoi, pour quoi, pour combien de temps…

    • En te lisant, Nathalie, je réalise encore davantage combien la plupart des acteurs de la société numérique appréhendent les mots que nous citons (document, donnée) comme des choses préexistantes, comme si utiliser le mot suffisait à définir les objets que l’on veut gérer, comme si le mot précédait la valeur de la trace écrite. Alors que – comme l’a bien perçu ton médecin – il faut d’abord identifier une trace et sa valeur, avant de lui donner un nom.

  2. concernant « les données et les data » que tu cites…
    si j’ai bien compris, tu vois (trop) souvent dans un texte normatif (ou qui peine à l’être ) en français qui considère « les data » comme autre chose que « les données » ?
    en anglais « data » c’est déjà pluriel, donc le « les » qui précède « data » en français serait superflu et dans la phrase que tu cites, c’est de tout façon superflu comme on a déjà « les données »… L’équivalent en anglais serait « the datas » qui à ma connaissance ne veut rien dire non plus. Conclusion – il faut remettre le Latin au programme ! (je fais ce commentaire pour être sure que je l’ai bien compris, anglophone que je suis…)

    • Ma formule est un peu rapide, je le reconnais. Je vise le franglais de nombreux textes dont les auteurs ne sont pas assez rigoureux à mon avis. Ceci dit, j’aurais du dire : « la donnée et la data » car effectivement data est un mot anglais pluriel et j’entends trop souvent à mon gout parler de « la data » comme si c’était un mot féminin singulier, et de « la donnée » comme si une donnée élémentaire avait du sens.

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