« Demandez L’humanité, l’Organe central du Parti communiste! »… Le slogan, scandé sur les marchés de naguère, est obsolète.
Mais il reste de cette formule une idée pérenne, celle de l’homme, l’être humain, qui joue un rôle central dans le fonctionnement de la machine (l’appareil). Ainsi, si l’utilisateur (l’humain) ne pilote pas le PC (personal computer – ah les sigles !), le système ne peut fonctionner correctement.
En dehors des pannes de courant, des virus informatiques et de l’instabilité des données numériques (maux pour lesquels il existe des antidotes), ce qui est le plus bloquant dans l’usage de l’ordinateur, c’est la masse informe des données, l’électronasse, l’accumulation de fichiers dont la moitié ou les trois quarts et peut-être 90% si on cherche bien, sont inutiles, fauteurs de confusion, potentiellement dangereux (l’actualité pointe régulièrement vers une archive-diable à ressort). Et cette électronasse coûte de plus en plus cher à stocker. Les directions informatiques en sont revenues, de l’idée reçue que le stockage ne coûte rien. Le stockage de données exponentielles est onéreux ; et si les données sont inutiles, la dépense l’est aussi !
Les machines, si puissantes, si performantes ne savent donc pas supprimer les données inutiles ?
Non, elles ne savent pas, et elles ne sauront jamais le faire seules, heureusement, car l’identification de ce qui est inutile relève de l’humain et non de la machine.
Les humains pourront-ils jamais trier ces milliards de données aux trois quarts inutiles ? Non, et heureusement, ce serait inhumain ! Heureusement, il y a des machines pour les tâches fastidieuses !
Le dirigeant qui fait face à quelques millions de fichiers informatiques sur les serveurs de l’entreprise ou de la collectivité se trouve à la croisée des chemins, très précisément de trois chemins :
- le premier le mène directement vers le Cloud, qui dévorera toutes ses données et exigera régulièrement un nouveau tribut tel un Minotaure que l’on croît apaiser par des libations ;
- le second le conduit vers Pôle Emploi car il s’agit de recruter sans attendre mille archivistes pour faire le tri des milliards de données, entre ce qu’il faut détruire et ce qu’il faut garder ; pas sûr que les actionnaires ou les contribuables soient d’accord ; pas sûr non plus que la e-archéologie par le petit bout de la lorgnette revalorise la profession d’archiviste ;
- le troisième l’invite à se poser cinq minutes pour (re)lire cet article de James Santangelo (PricewaterhouseCoopers) qui n’a rien perdu de son actualité : http://content.arma.org/IMM/Libraries/Nov-Dec_2009_PDFs/IMM_1109_rise_of_the_machines.sflb.ashx
L’auteur fait la part du feu entre ce que la machine sait faire mieux que l’homme et ce que l’homme, être pensant et responsable, est seul à pouvoir faire. La solution ? Appliquer les principes fondamentaux du records management et organiser un classement des documents engageants en catégories suivant la responsabilité qu’ils tracent, par opposition à un classement purement thématique qui mêle les documents engageants avec les documents de travail et les copies dans un vaste bazar. Le reste, les outils s’en chargent !
Mais faut-il encore que l’humain veuille piloter la machine, et non l’inverse !