Le mot fascicule est représentatif de ces appellations de documents (avec volume, registre, base de données…) qui mêlent une notion intellectuelle à une notion matérielle, preuve, s’il en était besoin, que le contenu et le support dans un document sont intimement liés.

Au plan intellectuel et au plan matériel, le fascicule est une partie d’un tout, avec deux cas de figure ;

  1. la juxtaposition physique et intellectuelle des fascicules comme autant de chapitres d’un même livre ou des éléments d’une même collection. Le fascicule est un moyen d’échelonner la publication ou la diffusion ; il est une livraison périodique au sens des éditeurs de presse et de revue de naguère. Là, tous les fascicules sont sur le même plan ; chaque fascicule est un document en soi, tout en appartenant à un ensemble plus large, la collection ;
  2. l’ajout-insertion : le fascicule suppose l’existence d’un ouvrage principal qu’il vient compléter. Au fil du temps, les fascicules se succèdent, s’ajoutent ou se remplacent les uns les autres autour du document principal. La raison d’être du fascicule est que les informations qu’il contient n’étaient pas disponibles, parce que non encore avérées ou non encore découvertes, lors de la publication de l’ouvrage principal. Le contenu de celui-ci est périmé et doit donc être mis à jour. Comme il est trop lourd et coûteux de tout refaire, l’éditeur diffuse seulement les données nouvelles, sous forme de quelques feuillets ou de cahiers dénommés fascicules. Ce fascicule n’est pas un document autoportant ; il est une partie additionnelle d’un document préexistant. D’un fascicule à l’autre, la date, plus que tout autre élément d’identification, joue un rôle essentiel car il modifie la date du document complété.

Il faut avoir aujourd’hui plus de quarante ans, voire plus de cinquante, c’est-à-dire avoir vécu à l’ère pré-numérique pour savoir combien il était à la fois utile et fastidieux d’insérer dans les classeurs du « Dalloz », d’une encyclopédie médicale ou d’une procédure industrielle les derniers fascicules papier « annule et remplace » reçus par le courrier postal, afin que les collaborateurs disposent toujours d’une documentation « à jour ».

C’était une tâche très minutieuse, confiée à des petites mains (et même à des moyennes mains) et surtout pas à un stagiaire, tant les conséquences d’un mauvais classement pouvaient être désastreuses. Le numérique a balayé tout cela. On insiste beaucoup sur l’effet réseau du numérique aujourd’hui, et c’est pour l’heure son aspect le plus flagrant. Mais à la fin du dernier siècle, l’automatisation des mises à jour de la documentation technique et juridique a été une vraie révolution dans les habitudes documentaires. Le versionnage informatique a périmé la dimension matérielle du fascicule et, du même coup, l’a évacué du vocabulaire de l’entreprise. Exit le fascicule, bonjour la version.

Heureusement pour le fascicule, le monde papier se maintient et lui apporte son soutien, en rehaussant la dimension collection du document. Le fascicule, léger dans sa forme, est aussi plus digeste. Or, si le consommateur du vingt-et-unième siècle s’attaque encore parfois à quelques sommes littéraires (Harry Potter, etc.), il préfère en général consommer léger (en avalant un hamburger et un coca pour compenser). Les brochures (petite publication de format A4 ou A5) sont donc plus attrayantes pour le lecteur pressé ou superficiel.

Lorsque que la brochure (dont le nom vient aussi de la forme matérielle, brochée), s’inscrit dans une série éditoriale (guides pratiques, biographies, etc.), le joli mot de fascicule reprend ses droits.

Et si en plus, on a une forte remise sur le deuxième, comme dans la collection « Bretagne » des éditions Grand West, pourquoi hésiter ?

 

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