Le matricule, c’est l’individu dans la communauté.

Chaque membre de la communauté reçoit un numéro unique, un identifiant unique, qui à la fois le fait entrer dans la communauté et lui donne une identité. Il s’agit généralement de communautés officielles de personnes qui partagent le même statut (marins, universitaires, prisonniers, avocats) mais on attribue des matricules aux bateaux aussi (du reste, si on en croit les Anglais, les bateaux sont des personnes, du sexe féminin même : she is…dira-t-on en parlant d’un navire).

Le registre matricule, le livre (aujourd’hui la base de données) où sont enregistrés chronologiquement ces numéros, constitue la trace et la preuve de cette entrée dans la communauté à une certaine date et l’identité de la personne « immatriculée ».

Le registre matricule, c’est l’archive par excellence. Et si l’expression et son évocation de gros volume ou de grand cahier se perd, informatique oblige, la chose est plus que jamais à l’ordre du jour dans les gouvernements : comptez-vous, comptez-les !

Les deux emplois que l’on rencontre encore du « registre matricule » sont assez symptomatiques de la valeur historique des archives d’une part, de la confusion qu’engendre la forme numérique dans l’utilisation de l’écrit d’autre part.

D’abord le registre matricule des militaires français, conservé aux Archives départementales, librement communicable au public jusqu’à la classe 1921  et dont les généalogistes sont très friands, à juste titre. Après l’état civil, c’est la source la plus systématique pour trouver des renseignements sur un aïeul, d’autant plus que le registre est complété et mis à jour tout au long de la période militaire du soldat. Mais ça ne vaut que pour les hommes… et la parité dont on nous rebat les oreilles n’est pas rétroactive.

Le second registre matricule dont on entend encore parler au quotidien est le registre matricule des élèves. Il ne s’agit plus là d’archives historiques mais d’archives administratives, ce document officiel où le maître ou la maîtresse, enfin le professeur ou la professeure des écoles, doit consigner l’identité des élèves qui fréquentent l’établissement.

L’expression « registre matricule », après plus d’un siècle de pratique obligatoire, a cédé la place à la fin du XXe siècle au « registre des élèves inscrits » (circulaire de 1991) puis à la « base Élèves » parce que décidément, le mot registre pour désigner un écran où l’on saisit des noms et des chiffres, ça n’est pas très parlant. Surtout, on ne sait plus très bien à quoi ça sert. Ah ! Cette paperasse administrative, alors qu’on pourrait faire plus de pédagogie !

Au point que des directeurs d’école se demandent s’il faut continuer à remplir le registre vu qu’il y a la base Élèves. Et un syndicat de leur répondre que oui, il faut renseigner les deux parce que, dans la base Élèves, on ne retrouve pas les informations utiles qu’on trouve dans les registres, par exemple pour faire des attestations de scolarité. Encore un cas où on a installé l’informatique sans vraiment accompagner le changement…

Conclusion, le RM est vraiment important dans le processus de constitution des archives.

Le RM ?

Ah oui ! Excusez-moi, on emploie des sigles sans faire attention…

RM : registre matricule, évidemment ! Mais c’est vrai qu’on pourrait aussi bien comprendre : Rigueur Musclée, Recensement Minutieux, Résolution Militante ou Records Management…

 

3 commentaires

  1. où puis je trouver le registre matricule de mon grand-père,bureau de recrutement:Alger 1911,en sachant qu’il est mentionné sur le registre d’état civil dit européens d’Algérie aux anom, et je vous informe que j’ai envoyé des demandes aux anom, shd Vincennes,archives militaires Pau ,les réponses sont toutes négatives.

    • Si les services officiels ont répondu négativement, je n’ai pas d’autre piste à vous suggérer. Savez-vous si ces registres auraient pu être détruits? Vous a-t-on répondu « Nous n’avons pas les registres de recrutement d’Alger 1911 » ou « Nous avons les registres mais le nom de votre grand-père n’y figure pas »?.
      Internet est peut-être un moyen supplémentaire? En contactant des associations de généalogistes, ou en lançant simplement une « bouteille à la mer » sur le net? Avec un peu de chance… Bon courage!

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